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Critique de Tachan


Pacific Palace, un hôtel paisible au bord d'un lac qui l'est tout autant. Spirou regrette déjà d'y avoir fait engager à ses côtés Fantasio, viré comme un malpropre du Moustique. Car l'ex-journaliste reconverti en groom n'a vraiment pas la vocation et ne rate pas une occasion de fâcher M. Paul, leur supérieur hiérarchique.
Mais trop tard pour faire machine arrière : un véritable huis clos est décrété et l'hôtel se retrouve sans clientèle et avec un personnel réduit pour accueillir discrètement Iliex Korda, dictateur déchu du Karajan, petit pays des Balkans. Dans ses bagages, d'imposants gardes du corps mais aussi Elena, fille du "Grand Guide" au regard envoûtant, dont Spirou tombe instantanément amoureux.

Une replongée dans l'univers de mon enfance sous la plume et les crayons de Christian Durieux le temps d'une aventure à la fois moderne et hors du temps.

Ce fut avec un sentiment assez étrange que j'ai entrepris cette lecture. Ça m'a amusée de recroiser Spirou et Fantasio travaillant tous les deux comme groom dans un hôtel de la Côte d'Azur. Leur alchimie est toujours aussi savoureux, faite d'amitié virile, de compétition pour les histoires de coeur et de piques bien senties. J'ai retrouvé l'essence des personnages que j'aimais mais sous un trait plus moderne.

Trait plus moderne que j'ai également retrouvé dans l'histoire. Celle-ci met en scène l'accueil très sélect dans le palace d'un dictateur déchu venant d'un petit pays des Balkans. A l'heure où notre gouvernement n'hésite pas à accueillir lui aussi des hommes à la morale plus que douteuse la critique est bien vue.
L'arrivée en grande pompe de cet homme, qui vient ici en attendant de voir comment s'en sortir est savoureuse. Elle en dit tellement long.

Et nos deux héros, eux, doivent trouver leur place là-dedans. Etrangement, c'est Fantasio qui est vraiment le plus actif, son militantisme aidant. C'est lui qui se bouge et essaie de trouver des infos pour un prétendu scoop, mais ça n'a rien de facile. Spirou, lui, qui est pourtant le héros, se laisse trop porter par les événements pour moi. Il tombe sous le charme de la fille du dictateur et se laisse entraîner à des jeux dangereux avec elle mais aussi avec son directeur. Il est un peu comme le témoin passif de toute ce qui se produit. Je m'attendais à mieux.

L'aventure se laisse lire. On en devine vite l'issue un peu tragique au ton volontairement plombant de la narration. Celle-ci se veut lourde en pesante, un brin étouffante, à l'image de ce huis clos où peu de personnages sont présents, puisqu'ils sont coupés du monde. le début est assez lent et le rythme peine à accélérer ensuite, pour un final précipité à l'image de ce qu'il raconte, ce qui m'a laissée sur ma faim avec une sensation d'inachevé.

J'ai en revanche été bien plus convaincue par la patte graphique de Christian Durieux. Son dessin très propre et géométrique aux couleurs un peu filtrés pour donner une teinte ancienne m'a beaucoup plu. On est dans la droite ligne de la veine Art Déco mais modernisé et actualisé, j'aime. Ça a même une petite touche soviétique si je puis dire dans sa simplicité froide parfois. Ce sont des Spirou et Fantasio bien plus matures qui apparaissent sous son crayon et l'aspect irréel et hors du temps de ce qui se passe ressort à merveille sous son trait.

Je suis donc assez contente de ma découverte de cette branche de l'édition consacrée à Spirou et Fantasio, deux héros de mon enfance, dont j'ai aimé retrouver une aventure inédite sous la plume et les crayons d'un auteur actuel qui a une vrai patte graphique. Je suis désormais curieuse de voir ce que les autres auteurs invités à faire de même ont pu imaginer.

Merci à Net Galley et Dupuis pour cette lecture !
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