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Critique de keisha


keisha
22 septembre 2013
Résidant pour un temps au Japon, l'auteur décide de s'initier au tir à l'arc japonais. le chemin sera long.

"Autant qu'une danse, le kyudô est la mise en scène d'un affût, où ce qui est guetté est soi-même- l'invisible que chaque homme porte en lui. On voit s'exprimer dans le tir à l'arc japonais, lorsqu'il est réalisé à un haut niveau, ce quelque chose d'inexprimable qui réside au fond de l'homme- un mystère qui est lié à la beauté, dont le corps qui se meut sur le pas de tir n'est plus qu'un signe, et tout le signe; c'est-à-dire qu'il est le reflet de l'infini, comme l'image de la lune sur l'eau est le simple écho de la lune."

Pas question d'aller trop vite.

"Laisser partir la flèche après avoir répété pendant des mois le geste qui précède cette libération, c'est avoir la sensation d'un infini qui vous éclaire et vous abandonne, pantelant. On éprouve uen force immencse, à portée de main et démesurément éloignée, de la même façon que le reflet de la lune sur l'eau laisse penser qu'on pourrait la toucher. Si l'on essaie, on se noie dans une mare. Il est inutile de tenter de saisir le reflet de la lune; ce que nous voyons est la manifestation réfléchie d'un ordre caché."

Connaissance de soi-même, des liens de cet art du tir à l'arc avec la littérature.

Mais bien d'autres choses encore dans ce livre (bien écrit et fort agréable à lire!). Reviennent des souvenirs d'adolescence et d'âge mur. Les saisons à Kyoto s'écoulent, hiver glacé, été étouffant. Printemps, ohanami, contemplation des fleurs de cerisier. Automne, momijiogari, chasse aux feuilles d'érable, d'un rouge indescriptible.

Des moments de rêve éveillé où les charmes du Japon agissent insidieusement et aussi des passages pleins d'un humour subtil. L'emménagement avec son amie Yuki dans une nouvelle maison et la pendaison de crémaillère, par exemple.

Juste une description pour terminer:
[Les habitants de Kyoto] "accordent par contre la plus grande importance aux uniformes. de l'écolière au chauffeur de taxi, chaque catégorie dispose de son costume; la devise nationale est Deru kugi wa, itareru, 'le clou qui dépasse, on lui tape dessus'. Cette multiplicité d'uniformes entraîne une forme d'exotisme qui fait l'enthousiasme des visiteurs, et peut provoquer un sentiment d'oppression si l'on oublie de se rappeler la part de comique qu'elle recèle. Je ne veux pas parler de la beauté des kimonos, mais de ces vieillards en costumes de généraux qui règlent avec des solennités de stratèges le stationnement des vélos à l'entrée des supermarchés ... de ces quinquagénaires hagards en habits de playmobil dormant debout en faisant semblant de régler la circulation ... ou de ces chauffeurs de taxi arborant des casquettes de commandants de porte-avions qu'ils font descendre jusqu'au solen vous ouvrant la portière.
Si l'on ajoute à ce théâtre ces grappes de gamines hautes comme trois pommes drapées dans de petits costumes marins, trottinant par les rues, furetant sur les quais du métro, s'assemblant autour du baobab d'un distributeur de boissons, les yeux disparaissant sous les bobs aux allures de casques d'exploratrices, le Japon a l'air d'une innocente bande dessinée, accentué encore par l'aspect carton-pâte des habitations."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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