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Critique de folivier


Merci à Babelio et aux Editions Belfond pour l'envoi de ce roman.

Une très belle découverte et un grand bonheur de lecture. le narrateur de ce court roman se promène dans Paris par un bel après-midi de printemps lorsque soudain il s'effondre au milieu du parvis du Centre Georges Pompidou au milieu des passants, des touristes, des visiteurs de l'exposition Dali et des saltimbanques. Il se sent mourir et amorce une longue réflexion sur cette mort qui l'a surpris, pour laquelle il n'est pas préparé et surtout pour laquelle il n'a aucune attirance, aucun atome crochu et trouve cette situation très injuste et incompréhensible.

Dans un texte fourmillant de jeux de mot, de situation poussée à l'absurde, de second et triple degré, en tordant et triturant la signification et le sens des mots comme : rien, mort, temps, Jean-Pierre Enjalbert donne à lire un texte enthousiasmant et jubilatoire d'intelligence. C'est un pétillement de trouvailles qui m'ont fait sourire tout le long de ma lecture. Par court chapitre, parfois quelques phrases comme des aphorismes, c'est un festival de bon mots sur la mort et la révolte que l'auteur ressent face à elle.

Pour respecter les codes, bien évidemment le narrateur, durant ce bref instant entre la vie et la mort, parcourt certaine étapes de sa vie, repense à ce qui l'a construit et finalement amené à dévorer la vie, jouir des femmes mais refuser la société, le système, les codes, les statuts, préférer sa solitude et ses livres, développer des stratégies pour se rendre invisible et entre autre : faire le mort... ce qui est assez cocasse vu sa situation de gisant au milieu de Paris, attirant la foule et les voyeurs autour de lui.

Alors d'où vient ce sentiment ambigu une fois refermé le livre. Car au travers de cette lutte entre le narrateur, son moi et la mort, il s'agit d'un texte chantant la vie. Mais une vie assez étonnante, de mon point de vue, car autocentrée, assez méprisant pour les autres, les femmes n'étant finalement que des jambes et ayant très peu d'empathie pour ses semblables. Rapidement au fil des pages j'ai pensé que le narrateur était certainement l'auteur ou alors un clone très proche. Alors pourquoi ce livre ? Pourquoi un texte certes brillant mais bourré de référence littéraire, picturale, musicale, qui finalement s'adresse à un lectorat assez intellectuel, lectorat ou population qu'il rejette (vomit ?) tout au long de son roman ? A part un brillant exercice de style et d'écriture et une déclaration d'amour à sa femme, sa famille et quelques copains en toute fin de texte qu'a voulu nous apporter dans ce texte Jean-Pierre Enjalbert ? Pour ma part je cherche toujours.

Néanmoins, c'est un livre qui m'aura marqué car si mes lectures sont des compagnes fidèles de mes nuits blanches, le livre est rarement la cause d'une nuit blanche. Or cette fois-ci ce roman brillant m'a tenu éveillé et m'a fait passer un très agréable moment plein de rire silencieux, pour ne pas réveiller ma bien aimée.
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