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Critique de Peluche0706


Cocorico ! le prix Nobel de littérature a été décernée à une française l'année dernière. Je ne pouvais donc pas passer à côté : j'ai donc passé le pas, en entamant la bibliographie d'Annie Ernaux avec l'un de ses ouvrages : la place.
Au moment où elle passe l'agrégation de lettres, elle se remémore l'histoire de son père : avant sa propre naissance jusqu'à la mort de son père. Elle qui vient d'un milieu très précaire en Normandie, issue d'une famille d'ouvrier qui essaye de s'en sortir en ouvrant leur propre commerce.
Elle nous en parle sans véritable émotion de son père principalement, puisqu'à priori, elle a consacré un autre de ses livres à sa mère. Au premier abord donc, on a des faits déclinés de manière un peu « froide ». C'est très descriptif, si bien qu'à un moment, je me suis dit qu'en fait, c'est comme si une personne que l'on connaît bien, nous raconte l'histoire par le menu d'une personne qu'on ne rencontrera jamais. J'ai eu du mal à y trouver mon compte à vrai dire. Je n'étais pas plus curieuse que ça d'en savoir plus sur lui. En réalité, au fur et à mesure de l'avancée de ma lecture, je ne savais pas vraiment ce qu'il aurait fallu faire. Elle se retrouve effectivement sur une ligne un peu mince : si l'autrice nous avait parlé de son père avec beaucoup trop d'émotions, elle serait tombée dans la nostalgie, qu'elle n'aurait finalement ressentie toute seule, sans prendre à part le lecteur. En revanche, si elle n'en parle qu'avec un certain recul, sans véritables émotions apparentes, elle aurait pu tomber dans la condescendance, vis-à-vis d'un monde d'ouvrier, de précaires, dont elle ne fait plus partie. Car le point embarrassant que j'ai pu ressentir dès le départ, c'était de savoir si elle écrivait ce livre pour faire ressortir que malgré son passé, elle a pu s'en sortir et être reconnu de ses pairs, dans un monde un peu fermé de la littérature française. Comme si il s'agissait en réalité de se mettre en avant en expliquant ses origines.
A la fin du livre, j'ai eu beaucoup moins d'a priori, et je pense qu'on peut raconter son enfance, riche ou pauvre, de manière un peu descriptive, sans pour autant renier ou sans juger ce monde-là.
Vers la fin du roman, j'ai été assez surprise pour ne pas dire autrement, quand l'autrice explique que son mari ne l'a pas accompagné quand elle est allé voir ses parents. Il considérait que ses parents n'étaient pas en capacité d'entretenir une conversation intéressante. C'est un des passages très malaisants et rien que cela, justifie tout seul l'écriture de ce livre. Elle a quitté le monde ouvrier, avec notamment son père donc, honnête, se mettant toujours en 4 pour satisfaire tout le monde, et pour ne pas avoir honte de ses origines sociales. C'est très triste de voir se confronter 2 mondes si différents. Prise entre ces 2 mondes, l'autrice a dû vraiment mal vivre cette position.
C'est donc une véritable déclaration d'amour envers son père que l'autrice nous propose : une reconnaissance éternelle et l'amour pour son père, indéfectible malgré sa propre ascension sociale. Je suis donc entrée par la bonne porte dans la bibliographie de notre prix Nobel. Je pense en ouvrir d'autres.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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