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Critique de vero35


«  Mais à quoi bon écrire si ce n'est pour désenfouir des choses, même une seule , irréductible à des explications de toutes sortes, psychologiques, sociologiques, une chose qui ne soit pas le résultat d'une idée préconçue ni d'une démonstration, mais du récit, une chose sortant des replis étalés du récit et qui puisse aider à comprendre – à supporter- ce qui arrive et ce qu'on fait. ». Ce que cette « Mémoire de fille » cherche donc à désenfouir, c'est l'été 1958, dans une colonie de vacances, où «  elle », «  cette fille » ( car l'auteur va parler de celle qu'elle était à la troisième personne), la toute jeune monitrice à peine sortie de son pensionnat religieux,a découvert le corps de l'homme, d'abord celui de H, ( H. comme « homme »...) puis ceux d'autres moniteurs, 8, au total. Comme dédoublée, inconsciente d'elle-même, tout à la joie du groupe ( voir citation) , elle devient la putain de la colonie, celle sur qui s'abat la réprobation collective et la honte. Et cette honte va s'inscrire dans son corps : aménorrhée, boulimie... Annie Ernaux fait du bien en décrivant de façon presque clinique cette sensation que chacun(e) a pu vivre un jour ou l'autre, celui de la honte, et de la culpabilité qui va avec. On est heureux de voir mettre des mots sur ces sentiments diffus, ces sensations latentes, on se sent moins seule. Et comme toujours chez Annie Ernaux surgit aussi l'épaisseur politique, sociale, culturelle, de cet été 1958, ceci en peu de mots, mais ô combien suggestifs. Un livre à lire absolument.
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