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Critique de Les_lectures_de_Sophie


Ce roman est sans doute ma plus belle surprise de la rentrée littéraire 2019. Sur le papier, il n'avait pas forcément grand chose pour m'attirer. La chronique de vies de couples en plein marasme… Un roman assez statique, récit du quotidien de madame et monsieur tout le monde. Mais à y regarder de plus près, on s'aperçoit que monsieur et madame tout le monde sont des enfants d'émigrés, en recherche d'identité, et que les événements qui ouvrent et ferment ce roman sont hautement symboliques. Ajoutez que l'éditeur parle de la plume de Diana Evans est un scalpel trempé dans un élixir de poésie, et me voici lancée à la découverte de cette histoire…
Diana Evans est, tout comme ses personnages, issue de l'immigration par un de ses parents, elle est aussi londonienne, et ça se sent dans ses descriptions amoureuses de la ville. Mais je ne voudrais pas m'arrêter uniquement au fait que Melina et Michael (M&M comme ils sont surnommés) sont confrontés à des difficultés et des questionnements d'intégration. Car c'est aussi et avant tout un couple comme tant d'autres, qui se débat avec son quotidien, l'érosion de la passion, voire même de la tendresse, disparues sous les contraintes de la vie courante. Un couple qui parlera à nombre de quadras, en couple ou plus… Un couple reflet d'une génération qui veut tout et même plus. Une génération qui a cru à l'égalité et au partage des tâches au sein du couple. Qui n'a pas vu qu'au quotidien ce n'était pas le cas… ce que l'autrice nous rappelle de manière cynique, juste comme j'aime :
« Qu'est-ce qu'une fête réussie, sinon l'occasion de faire l'amour aux petites heures du jour ?… Melissa conduisait. Michael était assis sur le siège passager, légèrement ivre, les genoux pliés contre le tableau de bord, la main droite posée, frémissante d'espoir, sur la cuisse de Melissa. Elle ne l'avait pas repoussée, bien qu'il n'eût pas dansé avec elle ce soir-là, et qu'il négligeât presque toujours de vider l'égouttoir avant de faire la vaisselle, mouillant au passage les assiettes et les bols déjà secs? Ça la rendait dingue. »
Un couple qui paraît solide et soudé, y compris pour leurs amis qui envient leur vie. Un couple de parents, qui quitte le centre vibrant de Londres pour acheter une maison, cocon de leur vie en apparence parfaite. Ils travaillent tous les deux dans les médias, à une différence près : depuis la naissance de leur deuxième enfant, Melissa travaille en free-lance depuis chez eux, quand le bébé veut bien dormir, quand la maison est rangée, l'aînée à l'école… bref rarement et pas de manière sereine. Une vie rêvée qui tourne au cauchemar. Et une grande question : veut-elle continuer à vivre cette vie là, si loin de ses espoirs de jeunesse ?
Un autre couple de leurs amis est présent en filigrane de leur histoire, qui permet des comparaisons, qui nous prouve aussi que leur histoire n'est pas unique, qu'ils ne sont pas les seuls à devoir s'éloigner de leur travail et de leur vie sociale pour devenir propriétaires, de ce qui n'est finalement pas tant que ça la maison de leurs rêves. C'est bien le problème au coeur de ce livre, au coeur des vies de ces couples : à force de petits compromis et renonciations personnels comme professionnels, ils se retrouvent bien loin de leur vie rêvée.
Ordinary People est certes une chronique de la vie ordinaire, mais rendue passionnante par la plume acerbe et sans concession de Diana Evans. Comment renonce-t-on à ses rêves sans même sans rendre compte ? Comment peut-on se réveiller un matin dans une vie qui ne ressemble en rien à celle qu'on s'efforce de construire depuis plus de dix ans, aux côtés d'un.e conjoint.e qu'on ne reconnait plus ? Diana Evans nous l'explique ici avec brio, décryptant le quotidien d'une génération, disséquant la vie de ses protagonistes… au scalpel comme le souligne si justement son éditeur.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Globe. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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