2,5/5 étoiles
Ça me fait mal au coeur de mettre une note si basse à un livre dont l'univers possède tant de potentiel, mais Les chevaliers de Sombrecoeur est pour le moment ma lecture la plus frustrante de 2023. le début et la fin sont prenants, mais le milieu a été une véritable épreuve à lire tant il est inégal aussi bien sur son rythme que sur son contenu. Malgré de bons moments, j'ai l'impression d'avoir perdu du temps, et je ne pense pas prendre la suite de cette duologie. (Honnêtement je ne vois pas ce qu'il y a de plus à raconter après la fin qu'on a eu)
Pour la review plus détaillée, commençons par les points positifs :
-Le style : la plume de l'autrice est agréable à lire. Elle a du caractère, le vocabulaire et le champ lexical utilisés forgent un univers froid, métallique et sombre dans lequel il est facile de s'immerger. On peut presque sentir l'odeur de la pluie, du goudron et de la terre battue en tournant les pages. L'autrice a su donner une identité propre à son histoire de ce côté-là.
-La représentation : c'est le premier livre que je lis en français qui utilise des pronoms et adjectifs neutres pour genrer des personnages non-binaires ou inconnu.es, et c'est sincèrement réjouissant. Ce n'est pas utilisé une seule fois au détour d'un chapitre pour un quota de bonne conscience, l'utilisation du neutre est régulière et fait partie intégrante de la société dans lesquels les personnages vivent. Si on ajoute à ça la présence de romances/relations queer et de nombreux personnages de couleurs, ce livre fait du bien en termes de représentation.
-Wyll et Garad sont les meilleurs personnages du livre, iels méritent leur point à eux seul.es. Leur loyauté et leur calme m'ont séduit ♥
Bon, le négatif maintenant :
-Trop de personnages secondaires/tertiaires : il y en a tellement, et la plupart sont unidimensionnels ou oubliés au cours de l'intrigue. On essaie de nous vendre des figures maternelles à partir de personnages qu'on n'a pas vu depuis 150 pages, des groupes d'amis qui disparaissent pendant des chapitres entiers, des retournements avec des individus dont on a oublié l'identité depuis un bail… S'il y avait moitié moins de personnages et qu'on prenait le temps de les développer un peu plus, je pense que les scènes clés du dernier tier du livre auraient bien plus de poids.
-Un synopsis trompeur : Où sont les motos ??? J'en ai compté 6 à tout casser dans le livre, 7 si on prend celle de la couverture ? Les personnages se déplacent plus en SUV au cours de l'histoire, c'en est devenu un running gag dans mes notes de lecture personnelle. L'électricité, une monnaie ? Elle est vaguement mentionnée de temps à autre au détour d'un paragraphe mais n'a pas une place centrale dans le récit.
Un jeune bâtard doué de magie ? Raté, c'est l'autre personnage qui possède des pouvoirs – est-ce que les gens qui ont écrit le synopsis se sont trompés dans leur rédaction ??? Est-ce que quelqu'un a lu ce livre avant de rédiger la 4e de couverture ?
-Ellipses, quand tu nous tiens : certaines scènes importantes ou qu'on attend depuis un moment sont passées sous ellipses, et ça me rendait folle. Art - le premier protagoniste – a une intrigue plus politique, et Red – la seconde – plus basée sur l'action. Mais certains moments clés de leur arc sont passés sous silence, comme si l'autrice avait peur de les écrire ? C'est un choix sincèrement étrange et ça a retiré beaucoup d'entrain à ma lecture.
(Exemple le plus flagrant SPOIL : on passe le tout premier combat officiel de Red en tant que chevalière ??? Ce qu'on attendait depuis le début de sa formation ?? SÉRIEUSEMENT ???
Autre SPOIL : le fait que l'on passe plus de temps sur les amourettes vides et soporifiques d'Artorias plutôt que sur sa vie politique de souverain… et comment il veut améliorer le royaume… rompiche rompiche… On a de vagues « tell don't show » de la part de personnages secondaires pour expliquer ce qu'Art fait en tant que roi, et heureusement, sinon je me demande vraiment ce qu'il fait pour le royaume le bougre)
-Qu'est-ce qui justifie la catégorie adulte du livre ? le sexe, la drogue, la violence ? Hormis cela, je retrouve le même manque de subtilité et de développement de personnages que dans un YA classique.
-Et enfin le point le plus important pour moi et qui va majoritairement être sous spoil : le personnage de Red est ennuyeux au possible et le livre n'aurait pas dû se concentrer sur son point de vue.
SPOIL :
Les motivations de Red sont révélées au compte-goutte, à tel point qu'on ne les connait vraiment qu'à partir de l'avant-dernier chapitre du livre. D'ici là, on a le temps de se rendre compte que Red est une petite impulsive contradictoire pas franchement intéressante, qui subit plus l'intrigue qu'elle ne la vit alors qu'elle est censée être la protagoniste au coeur de l'action. Et je dis ça alors que c'était au départ le personnage pour lequel j'avais le plus d'attente ! Une enfant-divine qui veut devenir chevalière pour accomplir sa vengeance, ça vend du rêve, mais le rêve ne vient jamais et reste au stade de sommeil mou et décevant.
Le livre aurait dû se baser sur Artorias et Wyll. J'ai été 100 fois plus emballée par leur histoire et leur dynamique de loyauté/fraternité qu'on ne voit que brièvement sur quelques chapitres que par l'intégralité de l'arc de Red. J'aurai 1000 fois plus apprécier une histoire peut-être plus classique d'un roi qui élève un orphelin magique auquel il est intimement lié, et à comment il peut améliorer le monde pour ce petit frère adoptif sans se mettre son peuple à dos.
Au lieu de ça, on a droit à Red la fausse badass, dont la magie est un mystère et un plot device gratuit, Red qui veut se venger mais qui se laisse distraire par la première personne qu'elle veut « baiser », Red qui veut devenir chevalière mais n'a combattu qu'une fois en arène… Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de protagoniste autant pénible à suivre.
En conclusion ; je ne recommande malheureusement pas ce livre malgré le potentiel de l'univers. Peut-être tenterais-je d'autres livres de l'autrice car j'apprécie sa plume, mais je ne terminerai pas cette duologie.
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