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Critique de Seyana


L'histoire commençait pourtant bien et ça m'a happé au début, j'étais vraiment intriguée par ce récit dans une fantasy orientale, des personnages à la psychologie diverse et une plume agréable.
Abandonné à 42%. Je n'en pouvais plus.

L'HISTOIRE

Du surplace, de la contemplation et du mélodrame : l'histoire ne bouge qu'à partir de 33% ! C'est hyper long et ça se sent. Généralement un récit débute vraiment vers les 10% pour ne pas ennuyer le lecteur, là c'est 3 fois trop long et on subit avec peine cette lenteur.
C'est insupportable toutes ces longueurs pour faire traîner l'histoire et la remplir avec du vide.

LES PERSONNAGES & LEURS RÉPÉTITIONS

Zafira – l'héroïne – est trop dramatique : elle n'arrête pas de répéter qu'elle va mourir, que la mission est dangereuse, que son départ signifie la mort, que la mort la guette, qu'elle ne verra plus jamais sa soeur et sa meilleure amie, que son ami ne doit pas venir avec elle car ils font mourir, que c'est une mission suicide, qu'elle risque de ne jamais revenir, que sa mort est imminente, etc.
Pas les termes exacts mais un truc dans le genre qui se répète tout le long.
En gros l'auteur appuie sur le mélodramatique, rendez-vous compte : ohlala elle va peut-être mourir ! DRAMAAAAAA !
C'est bon on a compris.

Zafira n'a pas vu sa mère (Oumm) malade depuis 5 ans suite à une terrible tragédie.
Elles vivent sous le même toit.
La daronne est juste dans sa chambre.
La raison de ce dramaqueenage bizarre : la mère a tué le père qui étranglait Zafira car devenu fou.
Ça a rendu la mère malade/alitée/presque folle et c'est comme ça que l'autre la remercie ? En l'évitant pendant tout ce temps ?
Au début : elle se sentait coupable, après… Je ne sais pas moi : 5 ans d'indifférence + laisser sa petite soeur s'occuper de toutes les crises et besoins de cette pauvre femme (qui a tué l'amour de sa vie pour sauver son enfant) c'est inexplicable.
Et Oumm, elle ne se sent pas coupable d'avoir poignardé son mari pour te sauver duconne ?
Psychologie à 2 balles qui me l'a rendu hyper antipathique.

Je vous passe les répétitions autour de sa meilleure amie.

Nasir – le héros – est un hashashin (un assassin) dangereux. Très dangereux même : il est craint par tous et sa réputation le précède. Mais son père est le méchant sultan qui le méprise, son cousin Altaïr est un général qui le rabaisse sans cesse, sa mère qui est la vraie reine (car de sang royale contrairement à son mari) est morte et personne ne l'aime.
De toute façon, il ne veut pas être aimé et veut être fort, pourtant il est faible envers les faibles. Il hait son travail mais tue sans problème. Sa conscience le dérange mais il doit tuer alors ce n'est pas sa faute car il faut bien travailler. Patati patata. Etc.
Au début c'était intéressant, ensuite ça devient lassant. En fait, je ne comprends pas qu'il puisse accepter aussi facilement le manque de respect de son cousin, son inaction à subir sa vie misérable avec des brimades tout le long et que le but de sa vie c'est… rien. Ça m'a soûlé un personnage aussi mou du genou. Au bout de 40%, ça agace trop et ça me détache de ce genre d'individu car aucune évolution en vue.

L'ÉCRITURE

Imagée.
Sympa au début cette plume, puis agaçante à la longue. Trop de métaphore, tue la métaphore. Parfois c'est bien fait, mais parfois non.
Bon, j'ai lu pire. Mais il y a quand même un éditeur dans l'affaire qui n'a pas fait son boulot de lui dire de se calmer ou de retravailler tout ça.
« Less is more », comme le disent les amerloques.

Chapitres d'environ 7-8 pages, mais certains sont hyper courts : 2-3 pages.
J'aime quand ça va à l'essentiel, mais ce n'est pas souvent le cas et du coup ça rend le rythme est assez étrange, limite abrupte.

LES MOTS & LEURS RÉPÉTITIONS

L'auteure n'est pas de langue native arabe (elle a grandi aux USA et est d'origine égyptienne il me semble), du coup elle utilise certains mots un peu étrangement (manière de parler à l'américaine avec un dialecte égyptien ?).
Cela donne un sentiment que cette utilisation à profusion de mots étrangers est maladroite.

Je m'explique.

Pour les titres (sultan, émir, etc.) : pas de problème car ce monde est modelé sur la culture des pays arabes donc c'est logique.
Ou pour de la nourriture spécifique (emaa : une glace façon caramel mou), ça passe aussi et c'est intéressant car typique au monde orientale.

Par contre, le reste est superflu et alourdi le roman pour rien. J'ai buté sur des mots et du coup je ne comprenais plus le sens de la phrase. C'est parfois expliqué (mais ça alourdi le texte), voire pas du tout (va donc lire le lexique, péquenot de lecteur).
Exemples :
- « Choukrane » pour dire merci. Sérieux ??? Tellement cliché et inutile…
- « Daama » : maudit(e) – 44 fois. En anglais c'est l'équivalent de « damn » et l'utilisation de ce mot se comprend dans la culture/manière de parler américaine. Mais en arabe ça ne s'utilise pas comme ça. Et en français, ça fait chelou.
- « Jaban » = un lâche. Euh… Tout ça pour ça ?
- « Kharra » pour dire merde – 21 fois. Utilisation très américaine de « shit ». Ça ne s'utilise pas comme ça dans le monde arabe. Là c'est très dialogue américanisé et du coup l'univers perd toute sa saveur orientale. Un natif arabophone ne parle/narre pas comme ça.
- « Laa » à profusion pour dire non. Pourtant le mot oui reste en français – 42 fois
- « Yaa » = Ô. Très spécifique à la langue arabe ; placé dans une autre langue c'est tout bonnement une erreur car la manière de parler en français (et anglais) n'est pas la même.
- « Wahid » = un. « Ithnayn » = deux. « Thalatha » = trois. Ça apporte quoi ça ?
- Etc.

Bref, il y en a encore beaucoup d'autres qui n'apportent rien de concret : des mots simplissimes au possible ajoutés en arabe ne rendent pas l'histoire plus « orientale » et font trébucher sur le sens des phrases. J'en connais la plupart et pourtant je les trouve mal placés ou inutiles. Quant à certains, la prononciation n'est pas de l'arabe standard (dialecte égyptien ?).

Du coup, cela s'accompagne d'explications parfois lourdes pour expliquer ou traduire le mot.
C'est vraiment trop pénible et ça entrave la lecture.

INCOHÉRENCES

Une légende dit que les « 6 soeurs » (des êtres aux pouvoirs magiques) ont disparu sur une île pour combattre et emprisonner un démon appelé le Lion qui allait détruire le monde.
Mais, dans le pays de l'héroïne, on les accuse de tous les maux (dans les autres pays, aucun problème). Car ces femmes ont disparu avec leur magie qui régulait le monde et les ont tous mis dans la mouise.
Heu ? Elles se sont sacrifiées pour sauver les gens, mais il n'y a que le pays de Zafira qu'on a décidé que c'était tout bonnement un comportement de femmes égoïstes.
Clairement un prétexte pour l'auteure de créer un environnement misogyne afin de travestir son héroïne à la Mulan. Sauf que finalement celle-ci va faire sa révélation vers les 30% du livre, donc est-ce si important ? J'aime les combats pour la cause des femmes, mais la logique de celle-ci est mal fichue.

Nasir (le prince héritier) et Altaïr son cousin (le grand général de l'armée royale) vont dans un café pour parler d'une info top méga secrète, mais bien évidement c'est blindé de monde avec pleins d'oreilles indiscrètes qui traînent. Pourtant ils vont quand même y papoter… Et juste sur un truc qui sera simplement la mission que le roi va affecter le lendemain au prince.
Bof.

Nasir et Altaïr traquent l'héroïne qui voyage avec son ami/amoureux Deen. Mais attention : ils ne doivent surtout pas les tuer, ni les blesser car ont besoin d'eux vivants pour trouver un artefact important.
Donc que font-ils ? Ils visent le couple avec leurs flèches.


Altaïr (le grand général de l'armée royale) se rend dans cette mission hypra-supra-méga dangereuse avec le prince, mais décide d'y aller avec seulement son arc et un carquois vide.
Le mec, qui a le grade le plus élevé dans l'armée, va en mission périlleuse SANS prendre ses flèches = n'importe quoi.
C'est comme aller dans un combat – que l'on sait sanglant – avec une épée mais n'apporter que le manche, pas la lame.
La vraie raison de cet illogisme :
Pff… Franchement l'auteure ça se voit qu'elle était super jeune quand elle a écrit ça.

CONCLUSION

Le rythme lent, les personnages mal construits, les raccourcis faciles, les incohérences et les surplus de mots étrangers pour rendre le récit plus « exotiques » m'ont fait abandonner ce livre.
Quand un bouquin me prend 3 semaines et ne toujours pas être à la moitié de ma lecture, c'est qu'il faut lâcher l'affaire.
Dommage, bonnes idées et bon début.

Je mets ces lourdeurs sur le compte de la jeunesse de l'auteure et surtout sur le compte de l'éditeur qui aurait pu l'aider à améliorer ce livre. C'est son boulot de base.
Cela dit, je trouve que l'auteure a quand même du talent, surtout pour une débutante. Franchement, elle écrit mieux que certains auteur(e)s pro, dont une connue et qui a un niveau pire qu'à ses débuts.

Au bout du compte, c'est quand même une auteure qui a du talent et donc à suivre.
Je n'ai certes pas apprécié celui-ci, mais je pense lire son prochain livre « Un thé avant la tempête » qui me tente bien !



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