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Critique de UnKaPart


Les aventures de Stan Kurtz continuent ! Neuvième épisode mettant en scène l'Infra-Détective, huitième volume papier, deuxième tome de “Marc Falvo présente Stan Kurtz”, un régal à numéroter… de quoi transformer les facs de lettres du siècle prochain en champs de bataille quand les universitaires s'étriperont sur la question.


Six numéros de Série B, plus Nouvelle Donne, sur mes petits doigts agiles, Mister Iceberg se place en huitième position. Je ne compte pas l'épisode audio Aenigma, présenté par l'auteur comme un “bonus” et situé, si ma mémoire est bonne, en marge de la chronologie initiée dans Série B. Tous les volumes papier viennent les uns à la suite des autres, avec rappels d'événements antérieurs. Une trame chronologique pour les gouverner tous, l'ensemble forme un tout. D'où le chiffre huit.
Considérations mathématiques sans intérêt ? A voir. Les six Série B constituent un tout dans le tout. Nouvelle Donne et Mister Iceberg s'inscrivent dans la suite chronologique mais s'écartent de la trame narrative initiale. Nouvelle Donne est un volume de transition, dans lequel Stan Kurtz reprend ses marques (Falvo). Mister Iceberg, lui, n'a rien à voir avec l'arc narratif de Série B, toujours en suspens : un tient-tout-seul (ou stand-alone, comme on dit dans la langue de Virgile).


La démarche pose pas mal de questions intéressantes. Sur la notion de série, déjà, terme fourre-tout par excellence. Anthologie d'épisodes sans un pet de rapport les uns avec les autres en termes d'histoire, de personnages, d'événements (La Quatrième Dimension, Les Contes de la Crypte), somme d'épisodes indépendants (L'Agence Tous Risques) ou à l'opposé feuilleton qui raconte une seule histoire et que tu dois regarder en entier et dans l'ordre (Dallas, son univers interminable…). Et au milieu coule une rivière de formats mixtes, où le caractère sériel passe par l'évolution des personnages (Friends) ou un arc narratif, qui va de ténu (Monk, dans la série éponyme, passe très peu d'épisodes à chercher l'assassin de sa femme) à prégnant (X-Files, Supernatural). Arc global entrecoupé de stand-alones qui servent à ménager des pauses dans la tension dramatique de l'histoire et/ou à délayer pour remplir une saison.
Procédé courant à la télé, on l'aura compris aux exemples. Beaucoup plus rare en littérature, où à part Série B, peu de titres me viennent à l'esprit. On citera Les anges ont la mort aux trousses qui s'intercale dans le cycle Felicity Atcock.


Tout ce blabla pour en arriver à la question suivante, celle de l'évolution de Série B. Beaucoup de séries démarrent sur des épisodes en vrac, avant de glisser, à partir de la saison 2 ou 3, des éléments de narration suivie. Ici, c'est l'inverse, le feuilleton s'offre une pause avec une histoire indépendante. Ceux qui attendent la suite en rongeant leur frein – faut être souple – risquent de braire en voyant que non, ce n'est pas pour tout de suite. Déjà que Nouvelle Donne passait pour le tome de la discorde, Mister Iceberg risque d'être celui de la rupture.
Ce qui pose une nouvelle question (je te rassure, la dernière avant qu'on parle de ce qu'il y a dans le bouquin), celle des choix d'écriture. D'un côté, vu les attentes des lecteurs, on peut considérer que Falvo se moque du monde avec ses chemins de traverse. D'un autre côté, un auteur est-il forcé de se conformer aux attentes ? Pression externe (on veut la suite !) ou interne (ils veulent la suite…), réelle ou ressentie, comme la température variable de dix degrés selon que tu sois habillé au soleil ou tout nu à l'ombre. Est-ce que l'écriture par obligation, où l'auteur ne raconte pas ce qu'il veut mais ce que d'autres attendent ou ce que son personnage commande, tient encore de l'écriture ?
Entre auteur et VRP, Falvo a choisi : la créature ira où il lui dira d'aller. C'est lui le patron, pas Kurtz.


Toute l'histoire de Mister Iceberg est là : Kurtz va où on lui dit d'aller en mode Une journée en enfer.
Charades, devinettes, macchabées (en mode Saw ou Se7en, eux), le rejeton improbable de Sam Spade, John McClane et Shawn Spencer se retrouve encore embarqué dans une histoire grand-guignolesque.
De toutes les aventures de Stan Kurtz, Mister Iceberg est celle qui se rapproche le plus d'un polar/thriller “““classique””” (avec beaucoup de guillemets, on parle de Falvo, le gars qui fait tout sauf du classique). En tout cas sans excroissance amphitryo-fantastico-science-fictionnesque. Cette direction en décevra peut-être certains. Moi non, j'aime bien les variations. Et puis, un privé qui enquête sur des meurtres, ça n'a rien de scandaleux, faut reconnaître.


Pour le reste, on retrouve les fantaisies habituelles de Kurtz, son chapeau, ses clopes, ses siestes, ses heures douze (celle-là, faut avoir lu Nouvelle Donne pour la capter). Et ses réflexions impertinentes, cyniques, désabusées, qui font toujours autant marrer. On croise moins d'apartés sur la vie, les gens, le monde, que dans les volumes précédents. Logique, sa course contre la montre ne lui laisse que peu de temps pour philosopher. Mais l'énergumène Kurtz se rattrape sur les répliques barrées et une narration très second degré. On se fend la poire tout le long de cette enquête menée tambour battant ou à cent à l'heure, selon qu'on soit mélo- ou voituromane.


Mister Iceberg te fera passer une bonne soirée on the rocks. C'est une vraie aventure de Stan Kurtz, pas une histoire au rabais qui servirait de lot de consolation en attendant le retour du Révérend et de ses magouilles. du bon, du beau, du bonnet… ou du chapeau pour le coup. du chat, du pot, du chapeau ?
Lien : https://unkapart.fr/mister-i..
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