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Critique de Dessert


Pousser le réalisme, rapporter des faits sans rien arranger, sans donner d'explication quand il n'y en a pas, sans chercher de logique où il y a de la confusion » (page 23)
« Vous connaissez la blague : un fou, de sa fenêtre, crie aux passants : « Vous êtes beaucoup là-dedans ? » Eh bien ce n'est plus une blague » (page 27)
« Raconter une histoire, c'est réveiller les morts, c'est faire en sorte qu'ils reviennent parmi nous (...)il faut se rendre à l'évidence, l'Humanité compte plus de morts que de vivants » (page 44)
(...) au bout d'une heure ou deux, ce qu'on voit d'une planète en voie de disparition, c'est primo les poteaux électriques, secundo le sang noir qui suinte des façades, lacère les murs, morsures, sifflements, sonneries, stridulations, ça grince et grimace, et soudain, voici Diabolik et sa Jaguar aux mille gadgets (elle rendrait James Bond vraiment dingodingue) : il est souvent sauvé par Eva Kant, la reine du dernier moment » (page 99, dernières lignes du livre)
Quelques phrases extraites de « Sur les ruines de l'Europe » de Daniel Fano, troisième volet (d'une fenêtre « à guillotine ») d'une tétralogie. Fano malaxe, triture, mixe, colle, aboute, noue dénoue entrenoue, déchire, concasse, pulvérise et note soigneusement (ça s'appelle « écrire » ce soin là) le résultat de toutes ces manipulations. Pour dire l'horreur et le désespoir que lui inspire ce qu'on a coutume de nommer « L'état du Monde » : violences devenues instinctives, surveillances et espionnages en tous genres, foire aux vanités, courses mortuaires à tous les pouvoirs, pornographies généralisées, le tout baignant dans la puanteur des corps calcinés de Dresde et d'Hiroshima, avec comme bande son les hurlements sauvages des torturés de tous bords (et leurs échos amplifiés dans toutes les boites à images et sons), puanteurs et hurlements que ne peuvent certainement pas masquer les publicités pour parfums de luxe ou les chansons niaises des radios !
Vision noire, terriblement noire, de notre époque devenue un immense cut-up absurde et disloqué : un champ de ruines. On entend à chaque page les rires glaçants des grands « joueurs de flute de Hamelin » du XXeme siècle, les vrais guides : Hitler, Staline, Mao et de leurs clones. « On gagne à tous les coups ! » ricanent ils !
« des enfants il n'y avait plus trace et personne n'a jamais su ce qu'il en était advenu » : lit-on en dernière ligne du conte de Grimm.
« Nous vous l'avions pourtant répété : « Auschwitz est le prototype de l'Europe future » Corollaire : « Ecoute Karamazov »
« Et leurs voix résonnaient dans l'immense entrepôt vide aux poutrelles rouillées »(D Fano)
Un livre d'une extrême puissance d'ébranlement : ça vous secoue bigrement. Mais n'est ce pas la fonction même de la littérature, « secouer » les endormissements et les paresses de tous ordres ?
© Roger Lahu revue LIQUEUR 44
Lien : http://www.dessertdelune.be
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