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Critique de jamiK


jamiK
08 février 2018
Ce qui frappe tout de suite, c'est le graphisme, tout en gris, avec un aspect de peinture et de crayon, de coups de pinceaux tout en douceur, donnant un aspect velouté à la texture, les formes sont anguleuses, sèches, les nuances tout en finesse. J'ai eu du mal à déterminer la technique d'impression, évidemment, ce n'est absolument pas une monochromie (1 seule encre), mais ce ne semble pas une quadrichromie classique, la finesse des nuances et un coup d'oeil à la loupe me permet d'émettre l'hypothèse qu'il a été utilisé des encres de plusieurs nuances de gris : un gris bleu, un gris plus brun, un noir, et peut-être un gris médian (c'est une supposition, je ne pourrait cependant le confirmer). Cette technique permet de très fines subtilités dans les nuances et apporte à cette histoire une sonorité feutrée, de calme et de silence, malgré la violence.
Les scènes sont divisées en deux genre, certaine pages sont travaillées avec un gris très clair en aplat imparfait, strié de coups de brosse, et le dessin au trait noir, épais et sec. Ces scènes sont comme des flashbacks racontant les parties anciennes de l'histoire, faisant référence aux légendes païennes. Les autres scènes sont traitées au contraires tout en nuances. le personnage du passé possède une silhouette cynocéphale (Reprobus), alors que celui du présent a un aspect un peu plus humain (Saint Christophe).
L'histoire reprend la légende de Saint Christophe, avec tout ce qu'elle contient de païen, la confrontant avec son aspect religieux. C'est l'opposition entre deux univers, païen/chrétien, et même entre trois, avec celui du monde réel, le passage dans la ville “réelle” est d'ailleurs tout aussi inquiétant.
Cette histoire parle L'innocence perdue, la séparation du monde fantastique et du monde de la réalité, le monde fantastique devient le royaume des morts, comme si le fantastique ne nous était plus accessible dans notre monde moderne. Mais Markus Farber ne prend pas parti, il nous laisse faire notre choix, d'interprétation, de point de vue, c'est une oeuvre ouverte, il nous laisse des indices, des symboles semés au fil des pages, à nous d'en faire notre propre histoire, c'est une légende, et comme toutes les légendes, elle laisse libre cours à notre imagination, on s'y perd parfois, il m'a fallu plusieurs lectures pour en prendre possession, je parle de l'innocence perdue, mais on peut y voir tout à fait autre chose. Il y a une postface qui parle de la légende de Saint Christophe, qui nous donne juste une voie à explorer, mais qui n'en est pas une interprétation, et il y a en pages de garde finales, une carte qui reprend le périple de Reprobus/Saint Christophe, mais notre déambulation parvient pourtant à nous perdre. C'est un livre hors du commun, beau, grave et étrange, un livre qui à chaque lecture nous raconte une autre histoire. Juste magnifique.
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