Nous aurons toujours Paris

Rêver sur les images du temps de l'enfance, celles des manuels de géographie, celles des fascicules de la librairie voisines, c'est le temps des illusions,que l'auteur appelle le temps du merveilleux. Dans les années soixante et soixante-dix, Eric Faye n'a de cesse de partir en rêve vers les destinations les plus lointaines. La radio et ses multiples stations émettant du monde entier est un eldorado sans limites pour son imagination. Les images dites d'Épinal, d'Afrique, du Maghreb, de l' Orient fascinent le jeune garçon autant que les mots qui leur sont associés. Ces souvenirs souvent racontés à la troisième personne alternent avec le regard critique de l'oeil adulte. le monde n'est vraiment plus celui de l'enfance pour la bonne raison que ce dernier déjà n'était pas réel. Tout cela, raconté dans un style vivant un peu convenu par moment, nous vaut de belles trouvailles. Une deuxième partie, plus grave , évoque la vie d'étudiant de chercheur et la rencontre capitale avec Ismaïl Kadare, écrivain majeur du XXe e siècle. Pas vraiment un hasard cette rencontre puisqu'elle a lieu dans un pays qui, à l'époque, est mystérieux, aussi mystérieux que l'étaient les noms des stations radiophoniques. de ce merveilleux, ce goût des mots, est né sans doute un talent de conteur qu'il a affiné au contact de ce grand écrivain albanais. Livre de mémoires, mais aussi regard sur un monde englouti avec la disparition du "bloc de l'Est".