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Critique de Lucilou


"Le Petit Seigneur", dont je dois la découverte aux éditions Bayard et à Babelio que je remercie, pourrait être aux livres jeunesse ce que sont ceux de Roberto Saviano au lectorat adulte, la lueur d'espoir en plus.

"Le Petit Seigneur", c'est Tonino, un gamin de Naples. Il a treize ans et pour son anniversaire, son père lui a offert un 7.65 semi-automatique qui pèse lourd dans sa poche.
Tonino ne va plus au collège, ou en tout cas pas tout le temps: les nuits sont longues à refourguer la cocaïne aux clients, cocaïne que ses petites soeurs -huit et neuf ans- ont réparti en doses. Quand il a le temps, le môme va voir son grand-père à l'hôpital, son grand-père qui se plaint du café trop doux qu'on lui sert entre ces murs blancs et qui ne sourit que lorsqu'il retrouve son petit-fils.
Et puis parfois, Tonino rêve, même s'il n'en a pas trop le droit. Il rêve de ce qu'il sera et de ce qu'il fera plus tard, comme si son père et les siens ne l'avaient pas déjà décidé pour lui.
Heureusement, il y a le professeur d'italien. Lui, les rêves de Tonino, il y croit dur comme fer et il fait tout pour que son élève revienne sur les bancs du collège, sans se soucier des risques qu'il court.

Rédigé à la première personne, découpé en chapitres courts et efficaces, "Le Petit Seigneur" est un roman engagé et courageux que son auteur, Antonio Ferrara dédie à "certains enfants de Naples qui n'ont pas le droit de rêver et à Giancarlo Siani, journaliste libre, mort pour la liberté" et qui a le mérite de mettre en lumière les enfants de la camorra qui dealent et qui tirent à bouts portants, à l'âge où ils devraient rêver et jouer, à travers un personnage principal très attachant.
Même si j'aurai souhaité plus de profondeur dans la réflexion et un dénouement moins rapide -ce n'est pas parce qu'on écrit pour les jeunes qu'il faut chercher la simplification à tout prix, c'est même parfois faire injure à leur intelligence-, ce petit roman est une bonne surprise, bien mené et même parfois oppressant, rédigé avec un sentiment d'urgence et d'empathie qui force l'admiration; un engagement qui secoue. C'est dur, violent et ça bouscule mais c'est nécessaire.
Pour tous les enfants, ceux de Naples et ceux d'ailleurs: certaines de nos banlieues ne sont pas moins violentes et pour qu'ils puissent rêver encore un peu.
Pour qu'on ne puisse pas dire qu'on ne savait pas.

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