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Critique de Zephirine


Mécanos, c'est ainsi que se désignent entre eux les conducteurs de train. Mécano, un mot parmi tous les mots techniques, les acronymes barbares utilisés par la corporation des cheminots et qui est le langage de ce récit initiatique, moitié prose, moitié vers libres.
L'auteur et narrateur nous ouvre ce monde mystérieux des chevaliers du rail, entre l'apprentissage et les rituels d'un métier très technique et l'épopée chevaleresque de ces seigneurs du rail qui ont leur propre code d'honneur.
L'entrée dans le métier arrive un peu par hasard, après une période de chômage. Puis, très vite, Mattia Filice est happé par ce travail à la fois fatiguant et fascinant.

« Tu veux conduire le train ?
Ce n'est qu'à cet instant que j'associe
ce serpent métallique à un humain
c'est le déclic fait de bric et de broc
du voyage sur la toile au travelling permanent. »

Comme un voyage sur rail en roue libre, cet opus de 363 pages nous ouvre d'autres horizons, ceux du travail de roulant, de la condition ouvrière avec ses conflits, sa solidarité et ses peines. Roman social mais pas que car l'auteur taquine la muse, il aime Rimbaud et la poésie, les récits d'aventure.
Il nous raconte son quotidien et celui de ses collègues : Ach, Gérard, Yann, Adama et Hidaya, une des rares femmes à exercer ce métier. Tous mobilisés pour faire leur job et c'est beau, cette solidarité ouvrière, cette débrouille pour que les trains arrivent à bon port. Car les avanies, les pannes, les accidents de personne, sont légion sur les rails. Et lorsqu'ils rentrent, ils sont d'humble héros méconnus.

« Il rentre avec une odeur de diesel sur sa veste de trappeur
Il revient vivant d'un western où il n'y a eu finalement aucune attaque de la diligence. »

Au-delà du témoignage, ce récit est aussi une critique sociale et politique, surtout lorsque Mattia Filice évoque les jours de grève des roulants.
La forme littéraire surprend par sa diversité et ses fluctuations permanentes qui, parfois, désorientent ou irritent le lecteur, c'est selon. Il faut le voir comme un long voyage sur les rails, se laisser porter par le rythme du train comparable à celui des phrases sans ponctuation. Mais l'auteur n'a-t-il pas défini lui-même son roman de « Pudding littéraire ».
Au final, une lecture curieuse, un tantinet longuet, surtout quand il s'agit de suivre l'entrée du narrateur dans le métier. Malgré la lecture parfois astreignante, j'ai trouvé la forme très originale, où poésie, humour et critique sociale s'entremêlent sans ordre mais sans jamais dérailler.
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