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Critique de kielosa


Cet ouvrage évoque pour moi l'expresision : 'prêcher dans le désert'. Une expression dont l'origine remonte, paraît-il, à Jean le Baptiste. Ce qui est bizarre, car selon la Bible, cet homme a été justement fort écouté ! Sans vouloir m'engager dans des considérations byzantines sur ce mystère linguistique, le rapprochement entre cette expression et le livre de Norman Finkelstein est probablement le côté ambigu et contradictoire qui les caractérisent tous les deux.

Je n'ai vraiment pas compris pourquoi un politologue juif a éprouvé le besoin de concocter cet opus ? Non seulement, en le faisant, il s'inscrit en faux par rapport aux gens de sa religion (et j'évite exprès le mot race, avec toutes ses connotations douteuses), mais en plus, il va carrément à contresens de tous ceux qui estiment qu'il est important que l'humanité et les générations futures n'oublient pas l'horreur absolu du génocide du peuple juif par les nazis. Que l'on appelle cela Shoah ou holocauste est, à mon avis, secondaire et relève plutôt de l'ergoterie typique pour savants en manque d'inspiration sérieuse. Beaucoup plus important que d'ergoter sur des termes, est de faire le nécessaire pour qu'une telle monstruosité, à une telle échelle, ne se reproduise plus jamais.

Je plains aussi les pauvres parents de ce scientifique, qui étaient des juifs polonais, rescapés du ghetto de Varsovie et qui ont sans doute perdu nombre de membres de famille et amis dans ce massacre.

Les arguments avancés par cet auguste professeur sont, bien entendu, le sort tragique des réfugiés palestiniens et la politique de l'Etat d'Israël. Je serai le dernier à nier cette évidence, mais les palestiniens avaient, heuresement, d'autres défenseurs, tel Yasir Arafat, et n'attendaient sûrement pas Finkelstein pour les sortir de leurs problèmes tout à fait réels.

Mon impression est que le sieur Finkelstein a pensé pouvoir se faire un nom et une réputation en démontrant un esprit vif, critique et indépendant en argumentant le contraire de ce qui est, somme toute, généralement accepté. Ses conflits avec des personnalités comme Élie Wiesel et le professeur Alan Dershowitz de l'Université de Harvard, semblent, en tout cas, pointer dans cette direction.

Beaucoup plus inquiétant que ces démêlés académiques, sont les faux arguments qu'il a dans son livre "L'industrie de l'Holocauste : réflexions sur l'exploitation de souffrance des Juifs" (un titre d'ailleurs, provocateur et hypocrite) et ses autres écrits du même gabarit, offert gracieusement aux négationnistes. Ceux qui, en d'autres termes, dénient purement et simplement la réalité même de l'holocauste ou en diminuent plus ou moins considérablement l'ampleur. Une spécialité d'une certaine extrême droite. Parmi ces spécialistes notoires, le plus célèbre est assurément l'historien britannique, David Irving, qui en a fait son gagne-pain. Rappelons que le négationnisme est dans la plupart des pays civilisés punissable par la loi, malheureusement cependant à des dégrés relativement divers.

Ce livre a donc bel et bien apporté une réputation à son auteur, mais sans doute pas exactement celle qu'il avait escomptée à plus long terme que le bref et derisoire succès au moment de sa publcation, en l'an 2000. Je recommande donc ce livre de Norman Finkelstein seulement à ceux intéressés uniquement par le processus 'intellectuel' qui consiste à tourner et présenter faits et arguments dans des sens tellement alambiqués pour arriver finalement à une théorie absurde.
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