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Critique de Titania


Les récits de guerre ont cela de commun, qu'ils permettent à leurs auteurs d'explorer toutes les facettes et la complexité de l'âme humaine.

Empruntant son titre à un auteur japonais du 17 e siècle, Richard Flanagan nous plonge avec ses héros dans l'enfer vert de la jungle birmane, dans un camp de prisonniers réduits à l'esclavage chargés de construire la voie ferrée entre le Siam et la Birmanie, projet fou, d'un discours idéologique mégalomane et raciste. La route est en effet bien étroite entre les exigences terribles du Bushido, les privations, le mépris de l'homme dans un enfer équatorial de pluie, de boue, et de maladie.

Dorrido Evans se débat avec la condition humaine, avec sa vie, ses amours compliqués, ses faiblesses et son indécision. Notre héros est un médecin militaire australien, et à ce titre le plus haut gradé de ce camp de prisonniers faméliques et exploités jusqu'à la mort, par le terrible Takamura. Il devient un héros malgré lui, alors qu'il semble tout subir de sa vie.

On est bien loin du " pont de la rivière Kwai", point d'héroïsme et de hauts faits, c'est plutôt une vision de la guerre racontée comme un opéra sauvage et une prose magnifique. Les hommes se dissolvent progressivement dans la boue, les insectes et les microbes, dans une compétition terrible avec la nature, qui anéantit la volonté, et les frontières entre le bien et le mal.

Puis, c'est le retour à la vie civile des survivants, tous coupables de quelque chose, de crime de guerre pour les uns, d'avoir survécu au prix de quelques choix douteux et inavouables pour d'autres.

Le récit n'est jamais manichéen, l'auteur explore de l'intérieur les âmes de ses personnages, pour décortiquer les aliénations diverses, les faits culturels et l'éducation, le hasard, le chaos de la guerre, les conventions et les positions sociales, les idéologies, les tentatives de rédemption, les reniements, et les fuites en avant .

J'avais aimé dans le film "apocalypse now", cette vision sombre et très esthétique de la guerre qui dénonce plus fortement qu'un documentaire historique. C'est aussi le cas de ce grand roman. On y voit un hommage, l'auteur s'inspire de la vie de son père, mais il fait un pas vers l'autre, l'ancien ennemi japonais , et on ne peut qu'apprécier ces merveilleux passages sur le rôle de la littérature.

Comme la poussière jouant dans un raie de lumière, cet avant, pendant et après les épreuves de la guerre, nous laisse le goût amer de l'impermanence et de la relativité. Un style magnifique et passionné, nous emporte dans cet univers si lointain dans l'espace temps, si particulier, et pourtant si proche, car c'est de nous tous, dont il est question.








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