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Critique de mylena


Avant de lire ce roman, et même encore, en début de lecture, pendant des dizaines de pages, impossible pour moi de déterminer si je l'avais déjà lu. Et pour cause, j'en avais lu quantité d'extraits : l'enfance de Charles, celle d'Emma, quelques descriptions de paysages, l'épisode du pied bot, celui du comice agricole, un passage avec Homais, un autre avec Lheureux, … sans compter que j'avais vu l'adaptation cinématographique avec Isabelle Huppert dans le rôle d'Emma. Mais c'était bel et bien une première lecture ! Avec le regret de ne pas pouvoir avoir le plaisir d'une vraie découverte ! A défaut d'avoir un regard neuf sur l'histoire, j'ai découvert l'écriture, à la fois simple, fluide et incroyablement précise. Chaque détail sert le propos de l'auteur : les personnages secondaires sont inoubliables et leur psychologie a été traitée par Flaubert avec autant de soin que s'ils étaient au premier plan. A eux tous ils entourent Emma d'une médiocrité pleine de suffisance, ils paraissent aussi petits et mesquins qu'elle est ridicule avec ses rêves de romantisme échevelé. Tous, autour d'elle, à leur manière, rêvent de notoriété, d'une gloire de pacotille, sauf peut-être le père d'Emma. Ils cherchent tous à faire illusion alors qu'elle, elle ose se voir autre que ce à quoi on la destine à être, se sentir supérieure à tous ceux qui l'entourent. Je déteste le personnage d'Emma mais en même temps elle est à plaindre pour la solitude effroyable dans laquelle elle se retrouve.
Ce roman est facile à lire, mais en même temps sa lecture est complexe parce qu'il dénonce la toxicité des rêves de passions, de luxe et de bonheur parfait, et qu'en même temps il affiche la nécessité de vivre ses rêves. C'est ce qui est remarquable, il y a critique de l'éducation d'Emma, totalement inadaptée, mais, en même temps, toute la société en prend pour son grade. Les belles manières de l'aristocratie ne sont qu'un vernis ; la religion n'est qu'un cache-misère (c'est encore plus visible à la lecture du Procès : les pages plus marquantes qui ridiculisent la religion ne sont pas citées, c'est dire si ce qu'écrivait Flaubert devait correspondre au réel !) ; le mythe du progrès ne vaut rien (scène du comice agricole, état des connaissances médicales) ; et bien sûr quelle remise en cause de l'institution du mariage (le divorce était alors interdit), mais aussi de la vie conjugale et de la maternité. Bref, une sacrée critique d'une société étriquée, corsetée et qui plus est hypocrite et aveugle !
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