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Critique de AmandineMM


Un parfum à sentir ou Les baladins: "Ces pages écrites sans suite, sans ordre, sans style, doivent rester ensevelies dans la poussière de mon tiroir, et si je me hasarde à les montrer à un petit nombre d'amis, ce sera une marque de confiance dont je dois avant tout expliquer la pensée.
Mettre en présence et en contact la saltimbanque laide, méprisée, édentelée, battue par son mari, la saltimbanque jolie, couronnée de fleurs, de parfums et d'amour, les réunir sous le même toit, les faire déchirer par la jalousie jusqu'au dénouement qui doit être bizarre et amer, puis ensuite ayant montré toutes ces douleurs cachées, toutes ces plaies fardées par les faux rires et les costumes de parade, après avoir soulevé le manteau de la prostitution et du mensonge, faire demander au lecteur : "A qui la faute?"
La faute, ce n'est certes à aucun des personnages du drame.
La faute, c'est aux circonstances, aux préjugés, à la société, à la nature qui s'est faite mauvaise mère."


Je ne peux mieux résumer cette nouvelle que Flaubert lui-même dans cet avertissement au lecteur. J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle de sa jeunesse (1836) dont je ne dirais certainement pas qu'elle est sans suite, ni style! le style est au contraire plutôt bon et m'a semblé très agréable à lire. Flaubert, comme il l'a dit lui-même, met en scène dans cette nouvelle tout ce que la misère et la jalousie, alliées au mépris et aux moqueries de la société face à la laideur et à l'infirmité, peuvent faire comme dégâts dans l'esprit d'une femme, comment ils peuvent la rendre aigrie et haineuse, le tout avec une très grande virtuosité stylistique.



On retrouve le même thème dans la seconde nouvelle, Passion et vertu: il s'agit cette fois d'une jeune femme fidèle à son mari et vertueuse que décidera de séduire un homme "à bonnes fortunes". Lorsqu'elle cédera finalement, se croyant aimée comme elle aime, sa passion grandira et lui fera progressivement oublier toutes les valeurs qui étaient les siennes: vertu, honneur, religion, famille, etc. Même lorsqu'il l'abandonnera, effrayé par cette passion et comme le lecteur s'y attend depuis le début, sa passion ne faiblira pas et deviendra au contraire de plus en plus destructrice.


Flaubert analyse à merveille dans ces deux nouvelles les effets que peuvent avoir la société et les passions sur un individu, avec un regard sans concessions.


NOTE: cela n'arrive pas souvent dans cette collection, mais coup de coeur pour la couverture!
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