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Critique de Arakasi


Pour de nombreux historiens, américains comme européens, la prospérité de l'esclavage au sein des Etats-Unis a toujours été une énigme : comment un pays aussi ouvertement libéral, considéré comme la démocratie idéale par les philosophes des Lumières, a-t-il pu tolérer pendant si longtemps l'épanouissement d'un système aussi inique à l'intérieur de ses frontières ? Où diable a bien pu se nicher le si vertueux « tous les hommes sont créés égaux » de la Déclaration d'Indépendance, elle-même écrite par de très vertueux gentlemen dont certains possédaient plusieurs centaines d'esclaves ? Une énigme d'autant plus obscure qu'il a fallu beaucoup de temps – plus d'un siècle après la Guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage – pour que les historiens américains se penchent enfin sérieusement sur la question, comme s'ils répugnaient à gratter la croûte d'une blessure mal refermée. On ne s'étonnera pas de constater que ses premières études rigoureuses concordent avec la fin de la ségrégation dans les années 60, preuve qu'abolition n'a jamais rimé avec égalité raciale…

Au nom du droit sacré de l'historien de fourrer son nez dans les sales affaires des nations étrangères, le français Claude Fohlen a tenté de répondre à cette question à travers son « Histoire de l'esclavage aux Etats-Unis ». Bien que davantage synthétique qu'analytique (une analyse en profondeur du sujet aurait probablement dépassé de loin les 300 pages), son ouvrage n'en possède pas moins un grand intérêt. Son côté très académique – avec un style très sec et une prolifération de données chiffrées, cartes, tableaux, etc. – ne le rend pas facile d'accès, mais il a le mérite de dresser un tableau complet du sujet. J'ai particulièrement apprécié le soin apporté à l'étude de l'historiographie développée autour de l'esclavage ou comment le point de vue des historiens sur cette thématique a-t-il évolué décennie après décennie. Un livre qui s'avère donc une bonne introduction sur le sujet, très claire et bien organisée : à conseiller aux amateurs d'Histoire Américaine et aux névrotiques dans mon genre que l'étude des grands maux historiques fait tripper.
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