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Critique de Gwen21


"Les réceptions de l'ambassadeur sont réputées pour le bon goût du maître de maison"... on y sert des pyramides de pépites en chocolat de la marque - tut tut pas de marques !!

Chez Gwen, qui s'imagine complaisamment être l'un des très nombreux ambassadeurs de la littérature, on sert également des pépites mais elles ne sont pas en chocolat, elles sont faites d'une matière plus rare et, de ce fait, plus recherchée : le talent. Bref, c'est de la pépite de compet' !

Tout ça pour dire que ce roman de Forster est une PE-PI-TE !

Bien, il est nécessaire de faire un rapide retour en arrière, allez, on rembobine. (bruit du magnéto VHS)

Voilà, nous y sommes. 1985.
J'avais cinq ans, c'est émouvant. Ah, non, pardon, ça, vous n'en avez rien à faire et vous avez bien raison. On reprend, un peu de concentration, surtout dans le fond, les deux là-bas, "vous n'arrêtez pas de bavarder, faites attention, faites trèèès attention !*"

Je disais : 1985. James Ivory réalise son chef-d'oeuvre. Que dis-je son "chef-d'oeuvre" ? James Ivory réalise LE chef-d'oeuvre du 7ème art, j'ai cité (sous vos applaudissements)... "Chambre avec vue".

En lisant (ENFIN !) le roman à l'origine de cette superbe adaptation, primo je mettais un terme à l'état de honte dans lequel je vivais jusque là, très consciente de cette lacune, et secundo je me sentais libre de donner à Lucy et à George les visages d'Helena Bonham-Carter et de Julian Sands.

Cette oeuvre romanesque de Forster est à la fois forte de par l'écriture et le style, belle de par la remarquable profondeur psychologique de chaque personnage et lucide vis-à-vis de la société dont elle décortique les codes. En un mot, elle est puissante.

L'humour et l'ironie sont présents tout au long de la narration mais ne nuisent pas une seconde à l'intensité dramatique du récit qui propose de voir évoluer dans le carcan des principes rigides d'une bonne société déclinante une histoire d'amour passionnée et passionnante. Tout est décrit ici avec subtilité : paysages, personnages, relations, protocoles sociétaux, sentiments. L'auteur, sans jamais le délaisser, ne mâche pas tout le travail à son lecteur ; il le pousse à explorer par lui-même la personnalité des protagonistes et la nature de leurs émotions. le lecteur s'interroge, doute, espère et vibre. C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et on en redemande.

Lucy représente le type de femme qui, en ce début du XXème siècle, étouffe encore sous les conventions quand autour d'elle le monde s'ouvre et que les routes s'élargissent sous ses pas. de Florence à Londres en passant par la délicieuse campagne anglaise, son parcours initiatique est touchant de sincérité et de pureté et on souffre avec elle des élans retenus, des pieux mensonges et des désirs contrariés.

George est l'archétype (non le stéréotype) du jeune homme de ce début du XXème siècle, ne se nourrissant que d'illusions, découvrant avec passion et curiosité le progrès des techniques et l'avancée laborieuse des idées et qui, résolument attaché à ses idéaux et à sa propre philosophie, ne sait pas encore où trouver sa place et n'a qu'une certitude : il lui faut vivre à fond ou mourir vite.

La rencontre entre ces deux jeunes gens, c'est l'alliance de la belle et la bête, le choc de la tradition et de l'espérance, le conflit de deux courants de pensée en mouvement... Ces deux jeunes rivières en crue finiront-elles par se joindre à une confluence ?

Allez, je vais revisionner le film ; je le connais par coeur, et alors ? C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et j'en redemande.

*Dixit Louis de Funès, "la Grande Vadrouille".
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