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Critique de manaud


J'ai reçu ce livre il ya 8 jours et je dois dire que les premiers chapitres m'ont déjà séduite. Une belle écriture pleine de poésie, des métaphores, des symboles, des phrases amples et longues qu'on a envie de garder en mémoire ou simplement de lire et de relire : c'est pourquoi, je lis lentement, je savoure cette belle langue à l'ancienne, plus ou moins perdue et je prends mon temps pour apprécier ce livre... "A bois perdu" aurait pu se nommer "à bois jeté" d'après ce que j'ai compris : ce sont toutes sortes de chutes de bois d'essences différentes qui ont servi à fabriquer ce meuble, "l'établi"comme l'appelle l'écrivain.
Alain Galan , avant de refermer pour toujours ?,son pupitre se met à le questionner, à se questionner, à le caresser , comme un vieil ami que l'on va quitter pour toujours. Il raconte, tout d'abord, la façon dont il en est devenu propriétaire et cette histoire à elle seule est extraordinaire .
Puis il part sur les traces de ce fameux "chameau", pupitre à deux pans pour deux copistes, etnous voici en Basse Normandie, en route pour le Calvados et la ville de Falaise.
Alors, allons-y, je vous raconterai la suite plus tard, je pars en voyage avec lui, pour mon plus grand plaisir et je compte prendre mon temps.
Alors à une prochaine critique...

J'avance dans ma lecture.
En fait, le voyage n'a pas été très long, prenant une tournure plus réflexive et méditative qu'autre. L'auteur va de digression en digression, mais on n'avance pas beaucoup dans l'enquête. Toutes les images de la Normandie apparaissent des plantes aux pommiers aux écrivains
célèbres et tout ce qui se rapporte au chameau (animal) aussi .
L'écriture est toujours aussi belle et fluide , c'est ce qui permet d'avancer dans le livre qui prend l'allure d'un essai philosophique.
L'auteur prend son temps et prend plaisir aux jeux de mots et à transformer son écritoire en animal de compagnie ou tout au moins en confident.

Bon, on va retourner à Falaise où l'histoire prend enfin un tour plus intéressant car il se pourrait que ce fameux chameau ait servi deux copistes imaginaires de Flaubert, Bouvard et Pécuchet, dont j'ai relu l'histoire par curiosité : au moins un bon point pour Galan ici !
Rappelons que ces deux copistes après bien des mésaventures ont décidé de reprendre leur ancien métier de copistes et d'écrire une encyclopédie de la bêtise humaine.

Nous voici arrivés à la fin de l'enquête d'Alain Galan sur l'origine de son chameau, enquête intimement liée avec sa vocation d'écriture. Cette enquête qui a fait ressurgir des archives le nom de Bartholomée Bouvard et nous a fait glisser de la réalité vers la fiction sans qu'on sache où se trouve réellement la frontière entre les deux.
L'auteur a pris un malin plaisir à brouiller réalité et fiction jusqu'à inventer une hypothétique commande des deux copistes de Flaubert auprès de Gorgu, l'ancien menuisier de Chavignolles, qui utilisa des vieux meubles pour le confectionner : du plateau d'une ancienne table jusqu'à un cercueil refusé par la famille d'un défunt…
Qui pourrait temoigner de la réracité de son récit ?
« En l'absence de Flaubert, de Gorgu, de Bouvard et de Pécuchet, seul le chameau pourrait répondre à de telles interrogations, s'il ne restait obstinément de bois ».
- … « mon chameau qui blatère, qui tourne en dérision toute cette histoire, me traite de fada »… « Cela m'a tout l'air d'un conte de Noël »…

Un très beau texte, plein de poésie, qui se lit très facilement et qui laisse comme un sentiment de grâce .
Témoignage réflexif d'Alain Galan, journaliste et écrivain, sur sa traversée en solitaire de l'écriture, sur la fuite inexorable du temps ? L'écriture n'est-elle pas justement le seul moyen d'éviter le glissement vers le néant et l'oubli ? /Une façon d'éviter l'inévitable disparition des choses ?

Rassurez-vous, le double pupitre finira ses jours chez les conservateurs de la Cité de l'écrit et des métiers du livre de Montmorillon. Un bien joli conte, dans une bien belle langue, un vocabulaire très riche:"un récit à bois perdu"...
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