La page de titre est trompeuse ; Vasco de Gama n'est pas l'auteur de cette relation de son premier voyage. Comme nous l'apprend
Paul Teyssier dans la présentation, son rédacteur est un marin anonyme de cette grande aventure ; des hypothèses fragiles existent au sujet de son nom mais elles pointent des personnages sur lesquels les annales de l'histoire sont quasi-muettes.
Cet anonymat n'enlève rien à la saveur de ce récit encore moins à son importance puisqu'il s'agit du premier voyage maritime vers les Indes (les vraies) par le cap de Bonne Espérance – dix ans après le premier passage du cap par Bartolomé Diaz (1488) et surtout quelques années après l'exploit de Colomb qui atteignit l'Amérique en croyant trouver l'Inde.
La bévue – bien excusable - de Colomb trouve son pendant dans celle – tout aussi excusable - du capitaine-major Vasco de Gama. Les chrétiens d'occident avaient entendu parler l'existence en Inde de chrétiens évangélisés par Saint Thomas; cette opinion était si bien établie dans les esprits que – dans leur ignorance des religions hindoues – les marins portugais étaient persuadés rencontrer un chrétien en tout individu qui n'était pas mahométan (de ceux-ci, ils en rencontrèrent beaucoup – des marins de l'équipage étaient arabisants, ils eurent même la surprise de rencontrer un tunisien qui comprenait le portugais).
C'est ainsi que le capitaine-major s'en fut faire une petite prière dans un temple (probablement) dédié à Kâli qu'il avait pris pour une église – qui leur paru certes un peu bizarre (voir la citation que j'ai dépouillée des intéressantes notes de bas de page du
Paul Teyssier pour préserver toute la saveur de l'extrait).
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