AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Renod


Renod
16 septembre 2015
Dans ce roman, Romain Gary nous raconte l’histoire d’une dynastie de saltimbanques, les Zaga. A travers cette famille, il évoque la confrérie des enchanteurs, quels que soient les oripeaux dont ils se drapent : romanciers, alchimistes, prestidigitateurs, acteurs, saltimbanques… Tous sont engagés dans une lutte contre la réalité, le temps et la mort. Ils ont pour armes ou outils l’illusion, l’imagination, le rêve la fiction ou la création.
Ce roman est un exemple d'enchantement. Grâce à la fiction romanesque, l’écrivain peut plier le Temps à sa guise. L’auteur nous fait voyager dans le temps et à travers l'Europe. Nous voici à la cour de Catherine de Russie, au milieu d’une jacquerie cosaque, au cœur de la Venise des Doges, pour revenir ensuite dans un bureau encombré de livres, rue du Bac à Paris.

La commedia dell ’arte est la matrice de la vocation des Zaga. Le rire, l’irrévérence et la caricature sont les ennemis les plus redoutables des tyrannies. Un éclat de rire, du jeu et de la légèreté peuvent balayer le poison du sérieux et d’une obscure réalité. Et puis il y a l’amour. Le fils Zaga tombe éperdument amoureux de la nouvelle épouse de son père. Elle se refuse à lui. Sa passion ne doit pas être concrétisée, la réalité détruirait ces sentiments éthérés, étoufferait le rêve qui la magnifie. En devenant la muse de cet écrivain, elle acquiert l’immortalité. La fiction lui permettra de renaître aux yeux des lecteurs des siècles à venir. Elle vivra à nouveau dans nos cœurs, inchangée, sous ses plus beaux atours.

« Les enchanteurs » est un récit de formation. Le jeune Fosco Zaga va découvrir les vérités sur l’amour, la vie ou la nature de son art qui forgeront sa destinée. Le roman emprunte au conte, à l’épopée historique et au registre courtois. L’auteur sait aussi se montrer drôle, voire graveleux, quand il fait le récit des tribulations érotiques d’un adolescent ou des troubles intestinaux de Catherine II.
Par ce texte, Romain Gary nous déclare que l'illusion et la rêverie sont indispensables à la vie des hommes. Ce magicien des mots nous rappelle qu’il faut conserver son âme d’enfant, qu’il faut garder sa foi pour le merveilleux et que l'amour, le vrai, existe et ne meurt jamais.
Commenter  J’apprécie          210



Ont apprécié cette critique (19)voir plus




{* *}