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Critique de Eric76


Un roman crépusculaire et lumineux à la fois.
Crépusculaire parce qu'il raconte l'histoire d'une cité du moyen-âge confrontée à une épidémie de peste. Une progression graduelle dans l'horreur. Ces gens claquemurés chez eux, cherchant sans y parvenir à fuir la promiscuité ; la faucheuse qui emporte, sans discernement, le vieil ami, le père ou la petite fille ; ces croix peintes sur les portes des maisons pour indiquer la présence de pestiférés ; les « ensevelisseurs » et leur monceau de cadavres transportés sur des charrettes ; la peste vécue comme un châtiment du ciel et cette recherche désespérée de la rédemption ; le long et terrible cortège des flagellants en quête de rachat des péchés ; le juif, l'étranger, ces « semeurs de peste », boucs-émissaires d'une foule qui cherche un coupable…
Lumineux parce que dans cette période épouvantable et incertaine, où la haine et la peur gouvernent les hommes, Matthieu le chrétien et Myriam la juive vont s'aimer et braver tous les interdits, toutes les rancoeurs. Et ils le feront avec calme, sérénité, voire avec mansuétude. Protégés par Bertrand, leur Ange Gardien, ils continueront, vaille que vaille, leur existence radieuse en ignorant superbement la malveillance et l'hostilité ; jusqu'à ce que Myriam, qui a vu toute sa famille massacrée par une foule enragée par le ressentiment et la vengeance, ne décide de retrouver son destin de réprouvée.
Ce récit est une dénonciation implacable de toutes les haines et de tous les obscurantismes. Il nous montre par quels mécanismes tortueux et pervers une foule terrorisée par quelque chose qui la dépasse parvient à montrer du doigt un coupable.
Les premières pages m'ont surpris. le style très académique de l'autrice ne collait pas à la violence de l'épidémie qui emportait tout avec elle, à la souffrance et à la peur des habitants de cette cité sans nom. Il manquait de l'extravagance, de la folie furieuse, me semblait-il… Finalement, en achevant la lecture de ce livre, j'ai trouvé que ce style calme et posé a valorisé l'amour de nos deux héros et leur volonté inébranlable.
Un beau roman, et mille remerciements à Babélio et aux éditons Zinedi (que je ne connaissais pas) pour m'avoir fait découvrir Martine Gasnier.
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