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Critique de BurjBabil


Petit livre que j'ai trouvé assez insipide à la lecture, écrit suffisamment simplement pour permettre de croire que c'est une production personnelle et non pas celle d'un spécialiste rémunéré via sa fondation pour le faire à sa place.
Il sera certainement abondamment relayé et loué dans la presse qui considère M William Gates comme un bienfaiteur de l'humanité mais objectivement, il n'apporte rien de nouveau, rien qui ne soit rabâché à longueur de journal télévisé par les moralisateurs vivant en métropole, prenant régulièrement l'avion et utilisant des Pétaoctets de data pour leurs loisirs et communications.
Douze chapitres thématiques, transports, électricité, fabrication, objectif « zéro émission », ce que chacun peut faire ... résument ce que justement on sait déjà. A noter que ses exemples (petits schémas compris) sont souvent étatsuniens et qu'il est parfois difficile de transposer à l'Europe : le litre d'essence à 0,79 € qui semble poser problème à M. Gates puisque trop peu cher ne ressemble pas à notre 1,4 € à nous (si quelqu'un lit cette critique dans plusieurs années, désolé, à l'époque c'était encore abordable...).
Il s'agit donc de de compiler tout ce qui se dit dans le cadre de l'économie « de marché » à ce sujet, d'énoncer des problèmes connus de tous, et de solutions éculées ne remettant jamais en cause le système lui-même, puisque celui-ci va fort bien à M. William Gates.
Exemple :
« le blé semi-nain de Borlaug s'est répandu dans le monde entier, tandis que d'autres phyto-généticiens menaient des travaux similaires sur le maïs et le riz. Grâce à ces trouvailles, les rendements ont triplé presque partout. Les chiffres de la faim dans le monde ont chuté et, de nos jours, on considère que Borlaug a sauvé un milliard de vies ».
Je ne souhaite pas m'étendre sur cette citation mais elle est typique du cadre intellectuel qui préside à la rédaction de ce livre : l'agronome cité, mandaté en 1959 par la fondation Rockefeller pour sélectionner des variétés de blé pour les milieux tropicaux, a donc privilégié (hypothèse de Borlaug) de meilleurs rendements conduisant à une baisse des prix et à de moindres investissements. L'économie de marché l'a récompensé pour cela et « on » a estimé que des vies ont été sauvées. Sauf que c'est tellement plus compliqué que cela...
Mais pour M. Gates, pas de remise en cause de cette culture intensive généralisée : « Pour ne pas tomber dans ces pièges dans les années qui viennent, nous allons avoir besoin de nouvelles découvertes comme celle de Borlaug». Pourquoi pas, mais d'autres solutions existent consistant à produire différemment, dans le cadre d'une économie moins ... de marché.
Autre exemple du même type concernant les élevages bovins et la production par ceux-ci de gaz à effet de serre : « le 3-nitrooxypropanol, qui réduit les émissions de méthane de 30 %. Mais pour l'instant, il faut le donner au bétail au moins une fois par jour et n'est donc pas applicable aux animaux en pâturage »
C'est le cadre de sa réflexion, et à ce niveau, c'est presque du scientisme.
Doublé de conseils étonnants dans un livre :
« Par exemple, si vous pouvez vous permettre d'installer un thermostat intelligent pour réduire votre consommation d'énergie quand vous n'êtes pas chez vous, surtout, faites-le. Vous pourrez diminuer à la fois le montant de votre facture d'électricité et vos gaz à effet de serre. »
Sans rire ? personne n'y avait pensé avant M. William Gates . . .
Encore :
« Vous pouvez aussi adresser un signal au marché en montrant que les gens souhaitent des solutions et qu'ils sont prêts à payer. Quand vous déboursez plus pour une voiture électrique, une pompe à chaleur ou un burger végétal, vous dites : « Il y a un marché pour ces choses-là. Nous en achèterons. »
Après cette critique, je commande une Tesla... Après avoir trucidé mon banquier (crise cardiaque)...
On continue ?
« En fonction du temps et de l'argent dont vous disposez, vous pouvez remplacer vos ampoules incandescentes par des LED » c'est un beau conseil... merci M. Bricolage Gates.
Voilà, je ne dis pas que ces « solutions » sont inintéressantes en elles-mêmes, je dis ici que, selon moi, faire un livre sur cela, lorsqu'on s'appelle M. William Gates, que l'on joue au bridge avec M. Warren Buffet (un autre bienfaiteur de l'humanité), que l'on avait été comptabilisé de plus de cinquante déplacements en aéronefs en une seule année pré-covid (en jet privé of course), c'est un peu se moquer du monde.
Mais c'est un droit pour chacun d'écrire et il doit lui être tellement facile de se faire publier... aussi ne brûlerai-je pas son livre pour deux raisons : je l'ai déjà rendu et ... je ne veux pas gâcher du dioxygène et produire inutilement du dioxyde de carbone.
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