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Critique de Billie72


Grosse claque. Littéraire et humaine.

Littéraire, car ce témoignage est remarquablement bien écrit. Chaque mot est sa sa place, chaque phrase sonne juste, chaque chapitre étant l'expression sincère d'un douloureux vécu.
Humaine, car cette lecture m'a véritablement bouleversée. Sans fausse pudeur ni auto-apitoiement, mais au contraire avec beaucoup de sincérité et de force, l'auteure qui souffre d'une sclérose en plaques relate sa lente descente « aux enfers » (j'espère qu'elle ne me tiendra pas rigueur de cette expression qui s'est imposée à moi), depuis l'annonce du diagnostic jusqu'à la nécessité quasi-quotidienne de s'exposer « appareillée » au regard des « autres ».

Ce récit comporte deux parties : « Le mal secret » relate les premiers mois de la maladie, avec un diagnostic qui a été posé, mais une maladie qui sait se faire discrète, du moins visuellement, permettant (presque) à l'auteure de mener une vie « normale ».
La deuxième partie, « Le corps exposé », évoque la suite, lorsque le traitement devient plus lourd et pénible à supporter, lorsque la fatigue physique s'accentue jusqu'à devenir visible, lorsque la malade se sent, bien malgré elle, à la merci de soutiens extérieurs, mais aussi de paroles ou de regards blessants, chacun projetant de façon irréfléchie, souvent inconsidérée et parfois irrévérencieuse, sa propre expérience de la maladie ou de l'infirmité, ou au contraire le soulagement de se savoir « bien portant ».

Le témoignage est émaillé de réflexions sur les différents protocoles de soins, sur le manque d'empathie envers les malades dont peuvent faire preuve certains membres du corps médical, sur les contradictions voire les aberrations d'un système qui dans le fond méconnaît encore cette maladie.

J'ai lu le Corps Incertain d'une traite et sans pouvoir m'arrêter, contaminée par l'urgence de l'écriture et admirative de la façon qu'a Vanessa Gault de raconter la maladie, sa maladie.

Je sais que ce saisissant témoignage a reçu le prix Handi-Livres suite à sa première publication en 2006. Presque quinze ans après, une nouvelle édition vient de paraître, préfacée par l'auteure. le texte est inchangé, Vanessa Gault est toujours malade, son « corps, toujours incertain, poursuit sa route vaille que vaille », mais ses mots sont là pour pallier à notre ignorance, pour nous émouvoir et nous faire réfléchir, pour que les malades se sentent moins seuls et incompris, pour que les yeux se décillent.
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