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Critique de sweetie


« Et à la librairie, transi de froid, le libraire échafaude des rêves. J'étais devenu libraire en voulant écrire. Je me disais : les gens apporteront des livres, d'autres viendront en acheter et moi, tout ce que j'aurai à faire, ce sera d'écrire. On n'a pas vingt ans tous les jours! »
C'est lui, Henri Tranquille (1916-2005), ce « rêveur fou du livre », issu d'une famille modeste montréalaise, qui accède au collège classique grâce à un futur engagement dans une possible carrière ecclésiastique. Mais lorsque sa foi vacille, les directeurs religieux du collège interrompent son cursus scolaire et lui indiquent la sortie. Après sept ans d'études assidues, sans diplôme, il se tourne vers sa passion première, la littérature. Dès 1937, il ouvre diverses librairies avec ou sans associés, dont la plus célèbre sera celle située au 67, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal. « Debout sur le pont de son bateau-livre qu'il arpentait de la poupe à la proue, Henri – comme l'a souligné Jacques Cotnam – enseignait la littérature à la criée. ». Son but ultime, rendre la lecture accessible au plus grand nombre en orientant le lecteur vers les chefs-d'oeuvre en lieu et place du premier best-seller venu. Il a su tenir le cap malgré la toute-puissance du clergé qui exerçait à une certaine époque une censure pesante sur les livres dits dangereux ou subversifs.
Yves Gauthier a bien connu Henri Tranquille et les faits qu'ils relatent dans cette biographie sont fort intéressants. Ainsi, en 1950, cette procession en carrosse d'un Honoré de Balzac couché dans son cercueil, défilant dans les rues avoisinant la librairie Tranquille, à l'occasion du 150e anniversaire de sa mort; un affront aux autorités religieuse qui en avaient interdit la commémoration, les romans De Balzac étant presque tous à l'index. Et la publication fracassante du manifeste du Refus Global, signé par un collectif d'artistes rejetant en bloc les règles étouffantes d'un gouvernement à la solde des cléricaux. « (…) dans un régime de croque-mitaines et de rabat-joie, la liberté se manifeste d'abord par une explosion des arts visuels. » À bas la Grande Noirceur!
Le portrait d'un homme et de son temps que j'ai grandement apprécié. L'ouvrage est en plus agrémenté de photos et d'extraits de la correspondance de Tranquille, un fameux épistolier. Une lecture qui en suggère d'autres…
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