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Critique de Parthenia


L'histoire commence avec le narrateur, Romuald, un prêtre âgé de 60 ans, qui raconte à l'un de ses coreligionnaires l'étrange aventure qui lui est survenue lors de sa jeunesse.
Le jour de son ordination, il aperçoit dans l'église une belle jeune femme pour laquelle il éprouve une profonde fascination. Il entend sa voix lui promettre l'amour et un bonheur paradisiaque à la condition qu'il renonce à prononcer ses voeux. La cérémonie se termine avant qu'il ne réagisse favorablement à cette invitation.
A la sortie de l' église, une main froide l'agrippe et il entend la femme lui murmurer :"Malheureux ! malheureux ! qu'as-tu fait ?" (page 20)
Quand il se retourne, elle a disparu.

Cette nouvelle est l'occasion pour Théophile Gautier de nous délivrer une histoire jouant sur l'ambiguité : le narrateur n'est jamais sûr si les événements surnaturels dont il est témoin appartiennent au rêve ou à la réalité.
Dès le début dans l'église, Romuald est confus : "J'étais, tout éveillé, dans un état pareil à celui du cauchemar, où l'on veut crier un mot dont votre vie dépend, sans en pouvoir venir à bout." (page 17/18)
Clarimonde lui apparaît à un tournant de sa vie telle une sublime tentatrice et il ne sait démêler la nature exacte de son être : "Cette femme était un ange ou un démon, et peut-être tous les deux; elle ne sortait certainement pas du flanc d'Eve, la mère commune." (page 14)

De retour au séminaire, les pensées de Romuald sont obsédées par cette femme dont il ne connaît que le prénom : Clarimonde et qu'il rêve de rejoindre.
Puis il est nommé à la cure de C***. Sur le chemin de cette paroisse, en se retournant pour contempler une dernière fois la ville, il aperçoit sur la terrasse du plus haut palais Clarimonde "encore enveloppée de ses voiles de nuit" (page 31) dans la lumière dorée et vaporeuse de l'aube . Encore une fois, Romuald se sent confus : "en ce moment, je ne sais encore si c'est une réalité ou une illusion" (page 30).
Toujours est-il qu'arrivé à destination, il continue à être obsédé par cette femme.

Une nuit, un homme mystérieux vient le chercher pour le conduire à sa maîtresse mourante qui réclame les derniers sacrements.
Gautier arrive à merveille à créer une ambiance angoissante tout le long que dure la chevauchée des deux hommes.Le lecteur devine que la mourante en question n'est autre que Clarimonde.
Or, Romuald arrive trop tard : elle est déjà morte mais conserve l'aspect d'une jeune fille endormie.
L'esprit de Romuald se met alors à osciller entre la perception que Clarimonde est morte et l'espoir inconscient qu'elle soit toujours en vie. Il la ramène à la vie d'un baiser.
Quand il se réveille, il est dans son lit, et sa gouvernante Barbara lui apprend qu'il a été fiévreux durant 3 jours. A-t-il rêvé la scène de la veillée funèbre ?

Suite à sa maladie, il reçoit la visite de l'abbé Sérapion, son ancien mentor, qui lui révèle la nature exacte de la courtisane Clarimonde "... tous ses amants ont fini d'une manière misérable ou violente. On a dit que c'était une goule, un vampire femelle; mais je crois que c'était Belzébuth en personne. (...) La pierre de Clarimonde devrait être scellée d'un triple sceau; car ce n'est pas, à ce qu'on dit, la première fois qu'elle est morte." (page 49)
Clarimonde est-elle réellement un vampire ? ou la victime des préjugés de l'Eglise catholique qui considère la femme comme un être corrompu et charnel, comme une tentatrice diabolique ?

A partir de ce moment, Clarimonde lui apparaît chaque nuit. Elle l'entraîne à Venise pour une vie de plaisirs et de débauches. Comme Romuald l'aperçoit toujours au sortir du sommeil, le lecteur se demande si c'est un rêve ou la réalité.
Toujours est-il que Romuald se met à mener une double vie : le jour, prêtre qui mortifie sa chair des débauches qu'il vit la nuit en temps que gentilhomme jusqu'à ce que...

Je ne vous dévoilerai pas le dénouement mais vous invite seulement à suivre Romuald et l'abbé Sérapion jusqu'à la pierre tombale de Clarimonde, et je laisse le mot de la fin au vieil homme qu'est devenu Romuald : "Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d'une minute pour vous faire perdre l'éternité."

Pour conclure, une nouvelle très agréable à lire, même si les vampires n'ont plus de nos jours la fraîcheur de la nouveauté ou de l'originalité. Mais la langue de Gautier est d'une très grande qualité littéraire qui dépeint merveilleusement et poétiquement cette atmosphère mystérieuse. On sent que l'auteur a pratiqué la peinture car certaines scènes sont très visuelles et ressemblent à un tableau...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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