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Critique de ladesiderienne



Thomas Morel, jeune journaliste, nous relate dans cet ouvrage son expérience en tant que salarié intérimaire dans cinq grandes entreprises du Nord de la France et nous montre ainsi à quoi peut ressembler le monde du travail de nos jours. Travail à la chaîne, minutage de chaque geste, surveillance permanente, dépersonnalisation, environnement bruyant, risques pour la santé, chantage au droit de grève, j'en passe et des meilleurs, le tout pour un salaire de misère.

Dans ce monde où l'argent mène la ronde, rien de ce qui est relaté ne m'a réellement étonnée. Ah si, juste l'expérience de l'auteur chez Ranger, sans salaire fixe. Je pensais naïvement qu'être payé uniquement à la com était illégal...
L'esclavage a peut-être été aboli en France en 1848 mais il a pris de nouveaux visages. Il a su s'adapter à nos entreprises, même les plus modernes et se dissimuler derrière une maigre gratification. Il est descendu avec nos aïeux dans les mines, était derrière les travailleurs sur les chaînes de montage et pointe aussi le bout de son nez dans l'univers hyper-connecté des call-centers. Comment faire pour y échapper quand il faut payer le loyer, rembourser l'emprunt et éduquer les enfants ? Voilà comment notre société et ses dirigeants ont persisté à travers les siècles à faire de l'être humain un "enchaîné", au mépris de tous les humanistes.
Les expériences vécues par Thomas Morel ne sont qu'un constat de plus. Dommage qu'il stigmatise uniquement la région des Hauts de France, victime perpétuelle des crises industrielles, l'Hexagone tout entier aurait pu fournir d'autres exemples sans difficulté. Beaucoup de reportages télévisés (chez Free ou Lidl par exemple) ont démontré l'ampleur du phénomène. Je suis évidemment consciente qu'au niveau mondial, la situation est encore pire dans certains pays.
Pour rendre ces témoignages plus vivants, Thomas Morel a tenté de s'intéresser à ses collègues et a retranscrit certaines de leurs discussions. Pas toujours facile de s'épancher quand le rendement doit être assuré et que le temps est minuté. J'ai trouvé que malheureusement, il n'en ressortait pas le meilleur (alcoolisme, drogue, racisme). Parler de son ressenti face au travail qui lui est demandé, comme par exemple ses difficultés à relancer les clients vulnérables donne quand même à l'auteur le beau rôle, sachant que lui n'est là que provisoirement et que la vie lui a donné les moyens d'exercer un métier plus enrichissant.

Thomas Morel nous propose une immersion alarmante dans le monde du travail précaire et mal payé que connaissent des millions de Français. Même si je regrette que cela ait été fait parfois de façon maladroite, j'accorde un 13/20 à ce témoignage. Merci à Babelio et aux Editions Pocket pour ce gain lors de la dernière opération Masse Critique.
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