AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RobertB


Qui custodiet ipsos custodes ? Qui garde les gardiens ? C'est une des questions, et pas la moindre, que pose ce livre qui s'affirme avec le temps comme un des chefs-d'oeuvre de la bande dessinée. Conçu extérieurement comme un comics américain de super-héros, il en épouse artificiellement les codes pour mieux les détourner et se pose comme un ouvrage très structuré, d'où est bannie la moindre superficialité. Ici, on parle d'ailleurs de héros costumés ; aucun ne possède de super-pouvoirs (sauf un !) et, dans l'imaginaire collectif, ils sont vus comme des étrangetés, au mieux tolérées, mais plus souvent contraintes à la mise en parenthèse de leurs activités. D'ailleurs, eux-mêmes le reconnaissent, les méchants masqués se font rares et justifient par leur absence leur propre reconversion. Détail hilarant, dans ce monde-là, les histoires de super-héros n'ont jamais fait recette et les jeunes américains lisent des comics mettant en scène des histoires...de pirates.

Le récit met en avant une légère distorsion de notre histoire. Les U.S.A ont gagné au Vietnam, Nixon est réélu pour la cinquième fois et les valeurs de droite triomphent sans partage sur l'ensemble du monde libre. Par contre, la planète est à un ongle d'un conflit majeur, l'U.R.S.S jouant la carte d'une escalade nucléaire pour compenser sa propre infériorité militaire.
Au moment où l'histoire commence, un des anciens héros costumés, une montagne de muscles misogyne et fascisante, est assassiné chez lui. Parallèlement au travail de la police, une enquête est menée par un de ses anciens collègues, un ultra-conservateur cinglé et en voie de clochardisation. Celui-ci sera amené à reprendre contact avec ses collègues pour dévoiler peu à peu une vérité étrange qui nous laissera tous perplexe.

Le travail du dessin, l'agencement des cases, la dissémination visuelle d'indices tout au long du récit font de cette bande dessinée un ouvrage très plaisant à lire et qui donne matière à réflexion, jusqu'au personnage du docteur Manhattan, individu omniscient et omnipotent, mais dont le désintérêt pour lui-même et pour le reste de l'humanité va croissant. Qui custodiet ipsos custodes ? Personne, je crois...
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}