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Critique de Merik


Si le roman s'ouvre à New-York en 2018 et en prologue sur la photographie inquiétante décrite par son auteur – un boucher suspendu mort par les pieds dans une chambre froide, c'est surtout dans un univers irlandais empli de tradition et de rituels que l'on basculera aussitôt après, en 1996. Tradition irlandaise de 8 Bouchers qui parcourent la lande pour poser leurs mains sur le bétail avant de l'abattre, rituel familier de la fille de l'un d'eux, Una, qui balance sa chaussure gauche le matin du départ de son père pour sa tournée de onze mois, rituel de sa mère Gra dans la matinée du départ morose partie rendre visite à sa voisine Mme P. elle aussi mariée à un de ses Bouchers, rituel d'Una se glissant sous les draps de sa mère pour unir leur désormais solitude de onze mois. Ils sont encore 500 Bouchers de la sorte à perpétuer la tradition dans tout le pays, quand d'autres irlandais s'en gaussent et accueillent le Mcdo avec fierté. En tout cas Una l'a bien décidé de son côté, du haut de ses douze ans, elle sera Boucher comme son père et qu'importe le genre exclusif de la tradition ou les brimades de souffre-douleur qu'elle subit au collège, elle compte même inaugurer son courage par l'exécution d'une souris, avec pour compagnons sept bonhommes Légo indispensables à la tradition.
Le roman s'invite ainsi dans la vie de quatre protagonistes dans une fausse polyphonie, sans les voix singulières du « je » mais avec une caméra factuelle à intra-sentiments embarquée, dévoile des intrigues autour de la crise de la vache folle, le boom du boeuf celtique et la contrebande de steak à la frontière de l'Ulster. En plus du mystérieux boucher pendu par les pieds bien entendu.
On s'en doute, les éléments vont s'emboîter peu à peu, ce dont on peut ne pas se douter par contre, c'est l'irrépressible envie de continuer la lecture, la romancière est habile pour nous triturer gentiment les méninges tout en nous faisant avancer dans sa narration à la prose efficace et fluide, parsemée de petits trous à combler, dans un univers oscillant entre tradition et modernité, flirtant en permanence avec une inquiétude macabre. Un bon roman en mode page-turner qui m'a pris, surpris, intrigué, lu en deux ou trois traites de vache irlandaise.

Merci à Babélio et aux Éditions du Seuil pour cette découverte dans le cadre d'une masse critique privée.
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