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Critique de louve


louve
10 novembre 2016
En général, je fais toujours un résumé de ma lecture. Et honnêtement à force c'est usant. Surtout que je vous reparle du roman en long en large et en semi-travers quelques lignes plus loin. Tout ce que je peux vous dire c'est que j'ai passé un moment mémorable en compagnie de ces deux femmes qui semblent tellement différentes. Entre la journaliste, Patricia qui a ses propres démons, alcoolique, un peu folle à lier et Inge, cette vieille femme qui semble vouloir qu'on lui foute la paix, autant dire que c'est haut en couleur.

On démarre très vite en 1943, en pleine seconde guerre mondiale et on fait la connaissance d'Anna, une allemande qui vit en Tchécoslovaquie depuis sa naissance. le ton est dur, les premières pages se veulent sombres, dès le début. Parce que oui, en temps de guerre, rien n'était rose et charmant. On s'entretuait pour un rien, on balançait nos voisins, bref c'était à celui qui deviendrait le plus insignifiants possible pour ne pas qu'on le remarque. du moins, pour beaucoup. D'autres en profitent pour se faire remarquer, montrer qu'ils soutiennent les alliés, peu importe comment se terminera la guerre. On a la trouille, on se cache, on espère...

N'allez pourtant pas penser que ce roman se situe uniquement pendant la seconde guerre mondiale. Pas du tout. Ce n'est que l'enrobage de l'intrigue, ce qui lui tient de base et d'arrière plan. L'histoire est beaucoup plus complexe, une ode à l'après-guerre, période que je ne connais moi-même pas beaucoup et dont j'ai très peu lu de roman ou de documents. Maxime nous propose très vite de faire la connaissance de Patricia. Journaliste, elle cherche à interroger une vieille femme qui serait parvenue des années plus tôt à passer de l'autre côté du mur sans se faire attraper. Mais voilà, Patricia est un personnage énigmatique, souffrant d'un profond mal être et alcoolique. Son portrait surprend et étonne, en témoigne Paul son plus proche collègue et peut-être le seul ami qu'elle ait.

Les deux femmes sont différentes. Leur âge, leur jeunesse, leur vie d'aujourd'hui. Tout les oppose, enfin presque et chacune va tenter de cerner l'autre. C'est un étrange duel de suspicion qui va démarrer entre elles donnant lieu à une étrange amitié ou plutôt à une forme de respect mutuel. On se demande vraiment ce qui les lie ces deux bonnes femmes. On sent un fil invisible très rapidement qui les retient l'une à l'autre. Et puis on s'attache... On ressent beaucoup de compassion pour Patricia qui ne parvient pas à enfanter. On la sent fébrile, agacée par sa vie merdique. Et on sent que la noirceur qui la domine est sur le point d'éclater, et lorsqu'elle a ses crises où elle sombre, on est mal pour elle.

Rouge armé propose une histoire intense et malgré l'action pas très présente, on se sent aspirer par les événements et par l'ambiance pesante qui se dégage de chaque page. Tantôt se passant en 2006, tantôt en 60/70, on découvre la vie d'Inge, cette femme qui a tout donné pour tenter de vivre libre dans une époque troublée et dangereuse. L'auteur parvient à dresser des portraits de personnages cohérents et crédibles. Comme s'il avait lui-même interroger ses personnages. Ces femmes sont fortes et courageuses, elles avancent comme elles l'entendent, mais je dois bien avouer que je n'ai pas su les départager. J'ai aimé le côté cash et dangereux de Patricia et les mystères d'Inge. Pis la plume de Maxime y est pour beaucoup ! Douce, sincère, imagée sans forcer le trait, on se sent vraiment dans cette ambiance post-guerre aux côtés des personnages que l'on découvre. Certains passages sont marquant.. vraiment. L'un d'eux en particulier montre toute la noirceur de cette époque.

C'est un beau roman. Une belle histoire. de beaux personnages. J'ai été séduite dès les premières pages et j'espère que Maxime nous reproposera de le lire dans un registre plus sérieux et plus historique. Et si je ne devais retenir qu'un passage, ce serait le suivant que je comprend et qui m'a personnellement touché.

Voilà, voilà. Un roman qui se referme. Intense et addictif. Une belle histoire, des portraits sublimes que j'ai adoré détesté parce qu'elles ne sont ni de gentilles femmes, ni de mauvaises personnes. Elles vivent avec leur démon, leur souffrance et agissent un peu comme si c'était les seules solutions pour se sentir libres et légères. Un roman incroyable !
Lien : https://lesvictimesdelouve.b..
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