AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Desmotsetdesimages


Emigré, immigré, exilé, refugié, expatrié… Dans chaque cas, il s'agit d'un éloignement de son pays d'origine ou d'un exil involontaire. Mais certains éloignements sont plus difficiles que d'autres… celui d'Hana, 7 ans, et de sa mère en témoigne. À la volonté de s'assimiler, se greffent la difficulté de la langue mais aussi celle de manger et de dormir en sécurité.

Aussi, ont-elles trouvé refuge dans un musée. C'est illégal, elles le savent bien, mais elles y sont au chaud et Hana s'y sent comme « chez elle ». Mais surtout, Hana a une confidente au pied de laquelle elle s'endort, Mademoiselle Vole, une statue ailée.

Tout se bouscule et bascule le jour où Hana est invitée à l'anniversaire d'une de ses camarades de classe, qui, comme tous les autres ne sait rien de sa petite invitée…

Mais alors, quel cadeau choisir ? Un choix qui aura des répercussions au-delà de l'imagination même de la petite Hana.

À la subtilité et la délicatesse des illustrations crayonnées, s'ajoutent la profondeur du message porté par la jeune Hana et toute la symbolique de la statue ailée qui y est accolée : prendre son envol, se brûler les ailes (cf. vol du bijou). de même, la métaphore du fil qui parcourt tout le roman, via la mère qui brode des vêtements pour sa fille notamment (qui aimerait pourtant être habillée comme ses camarades. Ce qui nous rappelle dès lors la volonté d'assimilation) permet de mettre en lumière les liens qui nous unissent les uns aux autres au-delà même de la barrière linguistique. Des liens que l'on se doit de créer et de maintenir car ne dit-on pas que la vie ne tient qu'à un fil ? Nous rappelant dès lors la fragilité de nos existences. Alors le peu que nous sommes sur cette terre faisons en sorte de ne pas briser les liens, couper le fil de notre humanité commune. de même, une importance particulière est accordée à l'art. L'art comme salutaire, primordial pour ne pas dire vital. Car n'est-ce pas dans un musée que nos deux personnages dorment ? N'est-ce pas devant un tableau représentant l'océan que nos deux personnages déjeunent ? Et n'est-ce pas grâce à la statue qu'Hana s'évade de sa réalité peu commune ?

Les répliques en arabe quant à elles, traduites par Imane Allouche, ajoutent un supplément d'âme au roman, qui n'en manque pas par ailleurs et ce plus encore grâce aux illustrations, et précipitent le lecteur dans ce qu'est la barrière de la langue comme pour mieux l'inviter à considérer la difficulté qu'il y a à vivre dans un pays dont on ne connaît pas bien cette dernière…

Et « parce qu'il faut bien ré-enchanter le monde », comme nous enjoint l'autrice dans sa note d'intention, l'espoir est personnifié par Gabrielle (vêtue de vert, couleur de l'espoir), qui, même si sa venue pourra paraître « irréaliste » pour certains, est nécessaire pour croire qu'il y a encore de la bonté et de l'espoir sur terre… car il faut y croire. Encore. Croyez-y ! Toujours ! Alors lisez ce roman qui évoque certes notre sentiment d'impuissance face aux difficultés rencontrées par les migrants et leurs enfants qui tentent désespérément de s'assimiler mais également notre capacité à nous extraire de notre dure réalité grâce à l'imagination comme le fait Hana avec Mademoiselle Vole afin de réinventer le monde.

Un condensé de tout ce que j'aime en littérature jeunesse comme dans la vie. Un album touchant et porteur d'un espoir infini. Très gros coup de coeur. Émouvant et bouleversant.  

Bravo aux editionsdupourquoipas qui savent s'emparer avec finesse des sujets de sociétés, aussi difficiles soient-ils, tout en permettant à divers artistes d'associer leurs talents. Et merci à eux pour leur confiance renouveler à travers l'envoi de ce superbe roman jeunesse.

 

Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}