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Critique de SNaumiak


Le début me semblait prometteur, c'était bien parti. Je m'attendais à lire des souffrances à travers les épreuves, les drames. Car, outre les déceptions personnelles que vit Arménouhie, les drames arméniens sont cités tout au long du roman. Non que j'aie voulu me rincer l'oeil : la profondeur des émotions et du ressenti m'intéresse. Et c'est ce que je trouve beau dans un texte.
Or j'ai trouvé que seuls les faits sont racontés.

Par ailleurs, j'ai été agacée par la mise en valeur perpétuelle de l'Arménie, et à côté, rien sur la France. Tout au plus une citation de monuments parisiens. Comparaison qui s'accentue au détriment de l'image de la France lorsque Mathieu, le mari d'Arménouhie, devient un faible incapable d'assumer leur absence d'enfant. Il lui est attribué plein de défauts. Quand Arménouhie retourne, après son divorce, vers son pays si beau et si chaleureux, elle quitte "le confort froid et matériel de la France". Cela ne m'a pas plu. J'aime la France.

Et puis j'ai trouvé quelques petites incohérences. Pour exemples :
- Arménouhie n'a que des qualités. Elle a été élevée parfaitement par des parents parfaits, elle est équilibrée, pleine de respect, d'amour, d'intelligence et de joie de vivre ; elle ne veut qu'un seul amour, avec un grand mariage. Alors pourquoi ne sait-elle pas garder son mari ? (réponse : tous les torts viennent de lui ; elle, elle est seulement victime)
- Arménouhie voulait un grand mariage traditionnel à l'église, pour s'engager à vie devant Dieu, pour le meilleur et pour le pire. Elle l'a eu une première fois avec le Français Mathieu (qui accepte le mariage en Arménie en arménien) puis, après son divorce, elle l'a une deuxième fois avec le Français Joël (dans les mêmes conditions). Mais est-ce seulement possible, deux engagements à vie devant Dieu en Arménie ?

Je trouve que l'histoire d'amour est guimauve. Je me suis ennuyée. Et l'histoire du génocide arménien n'a pas rattrappé le coup. On sait qu'il y a eu un million et demi de morts, mais on n'a aucune description des conséquences psychiques, comportementales, affectives sur les familles survivantes. C'est dommage. Et il semble aussi que bien que ce peuple ait eu la chance de voir son génocide reconnu par plusieurs pays européens (ce qui n'est pas le cas du génocide ukrainien provoqué par Staline et qui a fait sept millions de victimes), par les USA et par le Canada, il se batte continuellement pour la mémoire du génocide. C'est ce qui, à mes yeux, transparaît dans ce livre : ce peuple maintient la solidarité, son accueil chaleureux et son goût pour la fête seulement à travers le statut de victimes et la mémoire des drames.

Le problème, c'est que pendant que les peuples dont le génocide a été reconnu jouissent indéfiniment de ce que la reconnaissance et le statut de victimes les porte en héros, d'autres peuples continuent de souffrir du déni politique, de l'ignorance, de l'absence de mots. le choix ne manque pas. Quand la petite Arménouhie, si bien élevée, si mignone, demande si intelligeamment s'il y a eu d'autres génocides que le génocide arménien, on lui répond "oui, il y a eu le génocide juif en Europe" que tout le monde connait. Or je pense qu'auraient pu être cités les Ukrainiens, les Thibétains, les Laotiens, les Japonais, les Vietnamiens, les Somaliens, les Rwandais... un peu de solidarité envers les victimes des pires dictatures qui aient existé au monde tout en étant les moins connues ne mangeait pas de pain.

Des virgules mal placées aussi, qui cassent les phrases. Et des guillements partout dans les dialogues, à chaque ligne. Je me suis lassée.
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