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Critique de sylvieetient


Septembre 42 : Jan va retrouver son frère ainé, Karl, le temps d'une permission et va partir lui-même sur le front de l'est à Stalingrad.
Il sait qu'il y part pour y mourir et n'en reviendra pas.
Que le lecteur ne s'y trompe pas, l'intérêt du roman ne réside pas dans le suspense autour de la mort de Jan mais dans le récit de l'engrenage qui a conduit ce jeune homme de la haute bourgeoisie allemande à devenir un SS.
L'intérêt du roman, c'est le retour de Jan sur sa courte vie et le constat d'un gâchis absolu, irrattrapable dont la mort est le seul dénouement envisageable à ses propres yeux.
Jan raconte pour son jeune frère, Gerhart, né en 1930 les années heureuses de la famille puis la descente dans l'entonnoir, de chacun des membres de la famille qu'ils soient opposés au régime nazi, comme Karl ou le père, ou au contraire dans l'adhésion au programme nazi, par conditionnement, pour Jan et Gerhart ou par opportunisme pour la mère. Il veut laisser à son frère son témoignage du lent naufrage d'une famille qui vivait heureuse, et dont les enfants avaient pour amis des enfants juifs, avant. Avant Hitler et sa clique.
J'ai aimé le parti courageux de l'auteure de se mettre dans la peau d'un jeune nazi, que ce soit lui qui porte un regard sur sa culpabilité, et que ce soit lui-même encore qui se juge et se condamne. J'ai aimé la manière dont il est montré comment on choisit sans choisir, de glissement en glissement, de silence en non-dit, de petite lâcheté en grande trahison, comment on refuse de voir ce qu'on a pourtant sous les yeux mais qu'il est trop insupportable de confronter. Comme l'expulsion des soeurs Rosen de leur appartement et leur disparition dans les camps de la mort. L'innocence des juifs qu'il extermine sans état d'âme lui apparaîtra soudain à travers le visage d'une petite fille blonde. La confiance lue dans le regard de la petite sur le point d'être assassinée dynamite sa cécité et lui révèle qu'il est un assassin au service du mal. le visage de la petite fille blonde, c'est l'irruption de sa conscience, et sa chance de se ré humaniser avant de disparaître.
On ne s'ennuie jamais en lisant la saga de la famille von Radovitz avec une galerie de personnages hauts en couleur, et on rafraîchit au passage ses notions d'histoire.


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