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Critique de Ericpct


Sentiments ambivalents à propos de ce livre dont le sous-titre donne un aperçu du ton, puisqu'il semble qu'il faille pour certains maintenir le niveau autant que faire se peut sous la ceinture. Et l'Agrippine en question est forcément la Jeune. Sa mère, Agrippine l'Ancienne, a eu une vie tout autant tumultueuse et fascinante, mais moins sulfureuse sans doute, d'où une propension à l'oubli la concernant. Injuste histoire!
Au crédit de ce livre, je porte le fait que l'auteur ne prenne jamais pour argent comptant la narration des sources anciennes qui aura été par tant d'autres si souvent reprise , recopiée, ânonnée sans aucune remise en question. Ainsi par exemple l'épisode de la tentative d'assassinat par noyade d'Agrippine fin mars 59 lors des fêtes de Minerve dans la baie de Naples pose bien des questions qu'analyse finement Virginie Girod et à qui des reconstitutions ultérieures donnent finalement raison (en effet, des passionnés ont fabriqué à l'échelle une maquette de l'embarcation piégée et ont démontré sur un plan d'eau que les choses n'ont pas pu se dérouler selon le récit "officiel", soit que l'embarcation ne coule pas, soit qu'au contraire elle coule trop vite, rendant peu probable, voire impossible, une fuite à la nage jusqu'au rivage).
Plus tôt dans le récit, Virginie Girod dissèque fort bien les circonstances troubles de la mort de Claude au cours du funeste banquet commémoratif de Fides et Honor ( l'histoire n'est jamais à court d'ironie!). Elle ne tranche pas sur la culpabilité éventuelle d'Agrippine en invoquant notamment des notions de chimie organique sur l'art de préparer les champignons vénéneux. Mes connaissances dans le domaine ne m'autorisent pas à émettre un avis sur ce point. Toutefois, s'il n'y a pas eu crime, remarquons tout de même que la suite montre qu'Agrippine avait pensé à tout. C'est-à-dire à isoler le Palatin, maintenir la fiction d'un Claude en proie à une indigestion qui de fait ne doit pas recevoir la visite de ses enfants naturels ,Britannicus et Octavia, le temps sans doute que Sénèque prépare le discours que le fils adoptif Néron devra prononcer devant les cohortes prétoriennes afin de placer le Sénat devant le fait accompli du choix d'un nouveau César (bis repetita, i.e. c'est peu ou prou une redite de ce qui s'était passé à l'avènement de Claude quand les prétoriens avaient forcé la main des sénateurs avec Agrippa de Judée en planton coureur entre les Pères Conscrits et les Prétoriens, mais l'affaire avait été plus longue, un mois de tractation!).
Virginie Girod ne manque pas de noter aussi la place singulière que prend ensuite Agrippine comme en atteste la numismatique des premiers temps du nouveau principat . Toutefois, peut-être ai-je tort, mais je crois y déceler une admiration pour le personnage qui confine à une sorte de célébration d'un "MLF" bien avant l'heure. Car il ne me semble pas qu'Agrippine ait jamais chercher à améliorer la condition de la matrone (pas de MLM, Mouvement de Libération des Matrones!), inspiration dont elle se serait faite le porte-étendard (elle aurait eu bien du mal, les étendards n'existaient pas non plus l'époque!). Je pense qu'Agrippine était un membre de la famille "régnante" (guillemets de circonstance, eu égard à la détestation de toute idée de monarchie chez les Romains) dévoré d'une ambition qui ne pouvait s'assouvir que via la pourpre posée sur les épaules d'un fils qu'elle pensait pouvoir manipuler à sa guise.
Malgré ces quelques petites préventions de ma part, c'est un livre que je peux recommander, faute de mieux
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