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Critique de Lou987


Lou987
19 septembre 2017
[Addict, j'ai lu TOUS les numéros de Witch Mag, cette critique concerne donc toute l'histoire!]

Si vous plissez un peu les yeux et que vous parvenez à discerner un amas de nuages qui semble glisser dans le ciel, alors vous pourrez dire, en rentrant chez vous : « Papa, maman, il faut qu'on parle. » Mais avant que votre père ne commence à hurler en disant qu'il en était sûr, que ce n'était qu'une question de temps avant que cela ne se produise, qu'il vous connaissait décidément vraiment trop bien et qu'il allait régler ça demain à la première heure, et que votre mère ne tombe dans les pommes car « Oh mon dieu ! Pas mon enfant ! Tu n'es encore qu'un bébé ! », enchaînez rapidement en avouant que « Si. J'ai vu Kandrakar ». Je vous jure que leur teint sera moins blafard et qu'ils en riront plus tard. Pour le moment, ils vous reprocheront simplement de leur avoir flanqué la frousse de leur vie. Car bien évidemment que le dernier endroit que je voulais vous faire visiter était une véritable fabrique de rêves, de magiciennes, de sorcières et autres créatures sorties de l'imagination débordante d'Elisabetta Gnone (scénario) et des plumes d'Alessandro Barbucci et de Barbara Canepa. Nous parlons ici, en toute objectivité pour sûr, de trois génies qui ont bercé, chaque mois, et pendant plus de dix ans, la jeunesse de lectrices de Minnie Mag, rebaptisé Witch Mag (2002), au vu du succès de la série. J'avoue que j'ai peut-être, un peu, un chouilla – hum – fait partie de cette génération. Voici Will[elmina], Irma, Taranee, Cornélia, Hay Lin. Pour votre plus grand plaisir.

> Coup de crayon
Alessandro Barbucci et Barbara Canepa ont collaboré sur deux oeuvres connues, la fameuse série Sky-doll et celle pour la jeunesse Monster Allergy. de son côté, Alessandro Barbucci collabore avec Christophe Arleston (Lanfeust & co) sur la BD Ekhö, monde miroir. Il s'épanouit dans la fantasy et les mondes de l'imaginaire, comme le confirme son travail chez la Walt Disney Company en Italie. Si on leur confie à tous les deux les dessins de W.I.T.C.H., c'est certainement car leurs styles se confondent. En effet, à aucun moment on ne soupçonne un changement de dessinateur lorsque la série paraît tous les mois dans le magazine. C'est un style moderne, les proportions sont respectées au mieux, les couleurs inspirent la magie. Chaque personnage a son identité visuelle propre, chaque fille a ses habitudes vestimentaires, le dessin vient leur créer une personnalité. Et surtout, elles sont à la fois belles et faciles à esquisser, ce qui ravit les lecteurs. Les traits sont simples sans pour autant manquer d'originalité. Il y a quelque chose, dans ces dessins, qui rend accro et qui fascine. Je pense que la richesse des dessins de Barbucci et de Canepa est cette capacité d'identification. Elles ont les cheveux courts, longs, lâchés, en couettes, elles sont rousse, brune, blonde, potelée, mince, sportive, excentrique, complexée, fashion victim… tant d'attributs qui les caractérisent et dont la cohérence graphique, du début à la fin, ne fait pas défaut ! le coup de crayon est double, mais il n'en est pas pour autant mis en difficulté, au contraire. Cela montre que les dessinateurs ont un réel talent d'imitation et de fidélité, mais également qu'une BD, ce n'est pas simplement un scénario bien ficelé. C'est avant tout des personnages dont les traits imprègnent nos rétines et nous font vivre des aventures « spatiales », comme dirait une certaine sorcière au pouvoir de l'air. Sans parler des paysages, des mondes, et autres décors de fantasy que traversent nos magiciennes. Aucun détail n'est oublié, ce qui participe de l'harmonie de cette BD.

> Coup de plume
Mais derrière ces génies griffonnant se cache le cerveau de la bande, Elisabetta Gnone, qui, un jour, s'est dit :
« Bon ! Assez plaisanté. J'ai pensé à une histoire. Elles sont cinq, elles ont chacune un pouvoir : l'eau, l'air, la terre, le feu et … bon, on va dire que la dernière, c'est la plus spéciale, elle contrôle le pouvoir du coeur et – oh ! mais bien sûr ! Elle sera la maîtresse du groupe et devra veiller à leur cohésion en prenant soin d'un objet, un coeur ! Je vais l'appeler … le Coeur de Kandrakar ! Ce sera une sorte de collier bizarre mais esthétique, avec une boule en verre, qui doit être activé pour qu'elles passent en mode “action”. Et elles se transformeront ! Oui ! Elles auront des ailes – petites, sinon ce n'est pas pratique et elles risquent de ressembler à des fées alors ce que ce seront des sorcières, ce ne serait pas logique – des costumes vert et violet qui marqueront des générations entières ! Ah, et puis elles devront protéger le monde magique, oui ! ce seront des … magiciennes ! non, trop banal… des… Gardiennes ! Oui, les Gardiennes de Kandrakar, un monde magique ! Et puis le succès sera si retentissant que je serai plagiée quelques années plus tard par une série animée qui répondra au doux nom de « Winx Club » et qui reprendra exactement mon concept mais le déclinera en fées, pour conserver l'illusion parfaite et la poudre aux yeux ! Je – suis – une – génie ! »

Si, je suis sûre qu'elle a dit ça, Elisabetta Gnone. Elle a créé un monde fabuleux, complètement fou et magique qui a débarqué, un jour, entre deux BD des aventures de Minnie et Daisy. Elle s'est insérée dans le magazine à pas de loups, alors que c'est juste une bombe atomique qui, une fois la lecture achevée, nous laisse sur notre faim, et nous oblige à attendre le mois prochain pour avoir la suite. W.I.T.C.H., c'est l'histoire de notre enfance, ce sont des nuits et des nuits passées à rêver d'être choisie pour devenir Gardienne de Kandrakar, à rêver de se transformer en si belle sorcière, à rêver d'avoir des amitiés aussi solides, à rêver d'embrasser des mecs aussi canons que Caleb et de regretter que son personnage soit gâché à la fin, comme Nigel, d'ailleurs et … stop ! Bien sûr, cela me fait penser que si cette BD est génialissime, elle a ses défauts. La perfection, c'est pour les nuls. W.I.T.C.H., c'est aussi la déception quand des dessinateurs changent et nous laissent avec des dessins bâclés et ratés, c'est aussi un scénario qui s'essouffle parce qu'on devine que l'appât du gain est plus important que la qualité, c'est aussi un développement à n'en plus finir et des personnages qui perdent peu à peu leur identité au profit d'un succès qu'on ne voudrait surtout pas arrêter là. C'est donc également une BD dont la fin est très floue, qui est plus que décevante et qui gâche cette espèce de lien affectif qu'on avait avec ces personnages. En effet, alors qu'Elisabetta Gnone avait commencé une intrigue plutôt prometteuse, qui concernait les signes du zodiaque et avait l'air très original, ça s'est arrêté. Oui, plus rien. Ah, si ! Des gags. Des pauvres petites pages de gags, creuses, sans intérêt, qui sont là simplement pour dire « regardez, le magazine change complètement de formule mais on garde un peu les W.I.T.C.H. parce que, quand même, c'est grâce à elles si on en est là aujourd'hui ! » Arf, j'ai mal à mon enfance la tête dans les nuages. Car, au-delà de l'aventure de cinq jeunes filles, c'est également l'aventure d'un magazine qui explose, mais cela, c'est un autre débat. Elisabetta Gnone reste un génie pur qui a stimulé l'imagination et l'imaginaire de millions de lecteurs pendant des années. Elle a créé les sorcières les plus sympathiques et les plus charismatiques du début des années 2000.
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