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Critique de belette2911


— Hé, man, si t'es à la recherche d'un récit trépidant avec des courses-poursuites, faudra que t'ailles voir ailleurs si j'y suis. Ici, tu mets les pieds dans un huis-clos sordide.

"Si ça te plaît pas, t'as qu'à demander à ton baveux commis d'office de te faire sortir de ce trou à rat. Mais n'oublie pas, man, si t'es pas un Blanchot, compte pas trop dessus. T'as pas la bonne couleur, man !"

Bienvenue dans la prison du comté où les détenus attendent l'audience qui les déclarera coupable ou non du délit qui leur est reproché. Les cellules peuvent contenir 14 détenus mais elles sont occupées par une vingtaine d'hommes, ceux en trop dormant à même le sol.

La bouffe ? Dégueulasse ! le café ? Amer. le sucre ? Faut payer, comme pour tout le reste. La douche est au milieu de tout et les chiottes aussi. Que vous vous laviez ou que vous vous soulagiez, ce sera aux yeux de tout le monde.

Et pour peu que vous soyez un Blanc perdu avec quelques autres au milieu des Noirs et que votre petit cul soit à leur goût, vous n'échapperez pas à la perte de votre virilité par introduction d'un membre vigoureux dans votre fondement.

Ne cherchez pas à vous évader, durant tout le récit, vous serez enfermé avec ces hommes et vous entrerez dans un véritable huis-clos oppressant où le plus fort mange à sa faim et le plus faible non.

Si dehors, les Blancs sont les plus forts, dans la prison du comté, ce sont les Noirs ont le pouvoir sur les Blancs.

Le titre du livre résume bien toute l'injustice du système carcéral américain : la justice y est pour les Blancs, pas pour les Noirs. Un Blanc qui vole et qui tire purgera moins qu'un Noir qui vole sans faire usage d'une arme.

Triste constat que l'auteur nous rappellera souvent, dans ce livre : un accusé blanc a beaucoup plus de chance de faire moins d'années de prison qu'un Noir, quel que soit le délit, et y compris pour des délits moindres que ceux commis par des Noirs.

Idem en ce qui concernait les cautions, fixées à des montants exorbitants pour les prévenus Noirs, montants que les accusés ne récupéreront jamais, même s'ils sont jugés innocents.

Pire, le jour de leur jugement, le juge a déjà lu leur dossier et décidé des peines qu'il leur infligera à chacun.

Chester Hines y est détenu, en attente de son jugement et il s'est lié d'amitié avec Willie Brown. C'est à deux qu'ils vont tenter de survivre à l'enfer.

L'homme a des principes : il ne sera pas un bourreau des Blancs, tout comme il n'a jamais accepté d'en être leur victime.

Avec un style propre à lui et un langage très argotique et fort cru, Goines aborde à travers les thématiques propres à la prison : l'homosexualité, le viol, la survie alimentaire, les comportements hiérarchiques, l'amitié, la trahison…

Rien n'est épargné au lecteur. Ici, tout n'est que noirceur. On s'en prend plein la gueule et on se dit qu'on n'aimerait pas se retrouver à leur place !

Malgré leur passé sombre, ces hommes ne méritent pas un traitement aussi inhumain de la part des gardiens car ces hommes n'ont pas encore été jugés "coupables" des délits qui leur sont reprochés ! Tellement inhumain qu'ils furent tous content d'être transféré à la prison de Jackson, après leur condamnation, c'est vous dire.

Un grand roman noir, véritable pamphlet sur le système carcéral totalement inhumain ainsi que sur l'injustice flagrante qu'il régnait dans les années 70. Un brûlot virulent sur le système des libérations sous cautions. le pays n'en sortira pas grandi.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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