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Critique de gerardmuller


Renée Mauperin / Edmond et Jules de Goncourt (1822-1896) (1830-1870)
Ce roman des Goncourt paru en 1864 est une étude sociale, celle d'une famille dominée par Charles-Louis Mauperin né en 1787, fils d'avocat, ancien officier de Napoléon devenu industriel sous le Second Empire.
Émaillées de très nombreux dialogues, les scènes dépeignent les moeurs et les idées de la bourgeoisie de l'époque. Thérèse et Charles -Louis Mauperin ont trois enfants, un fils aîné Henri né en 1826 et deux filles dont l'une, Henriette, née en 1827, est déjà mariée lorsque débute l'histoire, l'autre étant Renée la petite dernière, née en 1835, toutes les tendresses de son père allant au berceau de la nouvelle venue.
Jeune fille moderne, formée dans l'éducation « artiste » du xixe siècle, toute de droiture et de spontanéité, Renée Mauperin est une jeune femme vive, émancipée et entêtée : elle supporte mal les entraves à sa liberté et cherche à secouer le joug rigide des convenances. Elle n'agit pas ainsi par simple volonté de créer l'anarchie, mais parce qu'elle est d'une nature généreuse et passionnée où se devine aussi un peu des caprices d'une enfant gâtée. Son mari, c'est elle qui le choisira et personne d'autre, à la différence de sa soeur. Blagueuse et très tendre, elle collectionne les mariages manqués, refusant étourdiment et follement les partis les plus convenables.
Henri, le frère de Renée, jeune avocat pour qui le temps du romantisme est bien loin, bourgeois ambitieux et calculateur, est un jeune homme assez retors pour camoufler son égoïsme et son désir maladif de devenir riche sous les dehors d'un homme du monde sérieux et modéré. Cette attitude de façade lui réussit à merveille et suscite l'admiration de la bonne société qu'il fréquente avec assiduité. Sa mère l'aime et se glorifie en lui, lui vouant ses ambitions et lui accordant son culte :
« Car il est dans la bourgeoisie, dans la plus haute comme dans la plus basse, un certain amour maternel qui s'élève jusqu'à la passion et s'abaisse jusqu'à l'idolâtrie. Des mères s'y rencontrent souvent, dont les tendresses se prosternent, dont le coeur est comme agenouillé devant un fils. »
Voulant percer dans le milieu des affaires, Henri veut épouser la fille de Bourjot, un arriviste en vue, qui s'est enrichi dans le commerce. Pour arriver à ses fins, Henri séduit la mère et devient son amant. La menaçant alors de faire éclater le scandale, il lui impose ses volontés et la somme de lui accorder la main de sa fille et les millions de la dot. Or, le père Bourjot, que la fortune a converti à la monarchie et au culte de la noblesse, affirme qu'il n'acceptera pour gendre qu'un aristocrate. Qu'à cela ne tienne, Henri s'affuble sans hésiter et par des moyens détournés d'une particule. Renée, choquée par la bassesse de son frère ne va pas laisser passer cette attitude et entre en guerre…
Comme l'ont dit nombre de critiques, les Goncourt n'ont pas eu la postérité qu'ils méritaient, si ce n'est le prix littéraire auquel ils ont donné leur nom. Même si les nombreux dialogues certes vifs et directs sont parfois futiles et insipides, la prose des Goncourt reste vive naturelle et efficace pour des portraits inoubliables et une lecture agréable décrivant une bourgeoisie étalant et mettant en avant son argent en une mise en scène savante, l'opulence visant à l'humiliation des autres par tous les moyens d'intimidation et la politesse dédaigneuse accompagnée d'une amabilité hautaine semblant descendre aux personnes de condition moindre.


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