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Critique de jclemartin


Si l'amour infini de trois petites princesses n'est pas le remède, alors il semble bien qu'il n'y en ait pas. « Maman ne va pas bien », Justine et Laurette le savent, Ninon le sent, mais cette connaissance ne fait qu'augmenter leur souffrance, et le désarroi du lecteur. On voudrait aider, rassurer, secouer Rebecca, cette femme séduisante et brillante de 33 ans, aimée de son mari et adulée, donc, de ses enfants. Elle n'a pas de raison d'aller mal, voilà pourquoi est-ce sûrement si grave. le poids de l'existence suffit, l'avancée incessante de l'horloge, la nostalgie d'on ne sait pas trop quoi, l'envie d'une fuite on ne sait pas trop où. Il y en a finalement beaucoup des raisons d'aller mal pour les gens qui regardent derrière les choses et cherchent sans cesse des significations. Heureux, facile à contenter alors ?

La clé du repos n'est pas dans les chambres des cliniques ou dans les bureaux des spécialistes. L'antidote magique est là, le matin et le soir, un peu plus en fin de semaine, et beaucoup pendant les vacances. Il porte trois noms, Justine, Laurette et Ninon. Observer vivre ses filles, c'est oublier les tourments et les opiacés, c'est ne plus avoir envie de « manger de la drogue », mais plutôt des crêpes. Ne plus griffonner son mal-être à l'encre noir sur des feuilles volantes, mais chanter à tue-tête le bonheur d'être ensemble. Alors, maman est-elle bizarre ? Oui, et c'est même pour cela qu'elle est mieux que les autres. Elle est imprévisible, elle « joue à la folle », ne se lève pas le matin, oublie de nous venir chercher à l'école… Mais, aussi, elle invente des mots marrants, répond à toutes les questions sur la vie, nous fait toujours plaisir. Justine veut inviter un SDF à prendre le goûter ? L'homme se retrouve dans la cuisine quelques minutes plus tard.

Vivre plus fort et conserver la magie de l'innocence, avant l'inexorable disparition. Les âmes maladroites éprouvent plus durement que les autres la pesanteur terrestre, et certaines voient dans une poudre, celle qui a la couleur du cheval blanc d'Henri IV, un moyen de s'adapter à l'extérieur hostile. Cette option prise, il n'y a pas de retour en arrière, juste une lente descente en avant. Je pense à vous, Justine, Laurette et Ninon, et à votre maman, qui est tombée dedans il y a bien longtemps.
Jean-Clément Martin-Borella
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