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Critique de umezzu


Encore un polar de Gouiran, qui tient autant de la leçon d'histoire que de l'enquête policière. D'ailleurs Clovis Narigou, le Dom Juan des collines de la Rove, n'intervient qu'assez tard dans cette histoire. Clovis, « Clo » pour les habitués du beau bar de l'Estaque, plus enquêteur bénévole que berger, a l'habitude de se mêler des affaires des autres. Là, il va tenter de planquer un minot qui a fréquenté de trop prés un trafiquant de drogue, tout en s'intéressant à la sombre histoire de sa grand-mère, réfugiée espagnole installée après guerre à Marseille, qui a toujours tu à son entourage familial ses années d'enfance dans la Catalogne républicaine en déroute lors de la fin de la guerre civile. Parmi les ossements de Républicains espagnols exécutés récemment exhumés pourrait se trouver celui du père de cette marseillaise d'adoption, décédée il y a quelques années. du coup, ce sont son fils et son petit-fils qui vont tenter de renouer les fils de l'histoire familiale avec l'aide de Clovis.
L'occasion pour Gouiran d'envoyer Clovis nous faire une visite de Madrid (qui rappellera bien des souvenirs à qui a visité cette capitale), pour replonger dans les années finales de la guerre d'Espagne, et celles qui ont suivi, exécutions sommaires comprises. Il y reconstitue le trajet de cette jeune fille qui a partagé l'exode des républicains catalans, la « retirada », parqués sur la plage d'Argelés, le désespoir des réfugiés sans nouvelles de leurs proches, sachant à peine qu'après avoir rempli les prisons, le régime de Franco les vidait de façon sommaire et définitive. Dans le Madrid d'aujourd'hui Clovis rencontre tout à la fois quelques nostalgiques de l'ère franquiste et la trace de l'appropriation de biens de Républicains au sortir de la guerre. Une guerre qui parfois a opposé les membres d'une même famille,
Un des moments les plus forts et les poignants de ce récit est constitué par l'exil des derniers soldats et dirigeants républicains en URSS, chez ce « grand frère » qui va les parquer avant de les envoyer dans l'effroyable camp de travail de Karaganda.
La partie polar de ce roman est assez facile, pas franchement passionnante, mais l'éclairage historique est prenant et sort des sentiers battus. L'exode des réfugiés, l'attitude de la République française, celle de l'URSS stalinienne, l'implantation dans la durée du régime de Franco après guerre, guerre froide oblige ; tous ces sujets permettent de comprendre une autre face de cette terrible guerre civile, prélude au conflit mondial.
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