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Critique de EvlyneLeraut


Ce pourrait être un conte, la nuit murmurée dans un silence magnétique. La Nouvelle-Zélande et sa choralité ancestrale ravagée par un colonialisme sans faille.
L'histoire orale, veloutée, qui, pourtant est dévorée par les bouleversements, les affres et par ceux qui n'ont pas compris, qui ne savent pas le langage secret des sages et des conjugaisons altières.
Cette fable plausible est un cri dans la nuit. Les paroles mythiques qui résisteront après la lumière crépusculaire.
 « Põtiki. le Petit dernier » est oeuvre.
« Il était une fois un sculpteur qui avait passé sa vie avec du bois, à chercher et à révéler les formes qui s'y cachaient. »
Voici l'heure vertueuse de l'écoute grave, essentialiste. La polyphonie soulève la quintessence. L'arborescence d'une famille résistante, voile générationnel, qui ne connaît que les chants des coquillages, les fraternités lianes et les pouvoirs de la terre ferme. le liant solidaire d'un peuple abreuvé aux pièges des colonisateurs. le sacré d'une terre fissurée à coup de bulldozer par l'homme blanc.
« Mais si on ratait les signes, ou si on se laissait distraire, on pouvait être perdant. »
L'écriture s'efface. Les symboles prennent place dans cette litanie d'un peuple qui va se révolter pacifiquement. Les forces spéculatives, les convictions souveraines, les gestuelles constantes et magnanimes sont des socles. Les habitus sont des grottes matrices. On ressent ce qu'est la véritable foi d'un peuple.
Et pourtant ! Ils sont écorchés vifs au fronton de l'irrévocable. le sanglot long d'une terre mise à feu et à sang. Piétiner les divinités, ce qu'un peuple ressent alors de sel et d'amertume.
« Si nous vous le donnons, c'est nous qui échouerons. Nous serons à nouveau des esclaves alors que nous commençons à peine à être libres. »
« Les promoteurs étaient fâchés de nos refus répétés, mais c'était parce qu'ils ne comprenaient pas que nous avions deux possibilités, la pauvreté ou l'autodestruction. Et pourtant, « pauvreté » n'est pas le mot juste. La pauvreté elle aussi est destructrice. »
Põtiki est le symbole des déchirements, des contre-feux, des lois et errances intérieures. le dernier né parabolique.
« Les collines sont silencieuses et les machines sont parties. »
De chair et d'os, d'esprit et de mythes, la transmission inaugurale des tracés d'un pays qui va renaître. le dernier né façonné par l'amour .
« Et les histoires traitaient aussi de la terre et de la mer du ciel et du feu, de la vie et de la mort, de l'amour et de la colère, et de la douleur. »
« Enfants, petits enfants -je vous salue tous. A votre tour. »
Magistral, incontournable.
Prenez soin des notes des traductrices Jean Anderson et Marie-Laure Vuaille-Barcan de l'anglais (Nouvelle-Zélande).
« L'histoire devient ainsi des histoires, chaque narrateur contribuant par sa propre voix distinctive à un récit collectif. Põtiki marque un moment fort dans la littérature autochtone d'Aotearoa -Nouvelle-Zélande, au tout début de ce qu'on allait appeler la renaissance mãori."
Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
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