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Critique de AMR_La_Pirate


Je remercie Aurélien Grall qui me confie son roman pour lecture et avis.
ALIENOR, L'Origine de toutes les haines m'a intriguée par l'approche féminine ; le nom d'Aliénor, revendiqué par l'auteur dès le titre, évoque une reine médiévale à l'histoire controversée, une femme qui s'est rebellée contre l'autorité des hommes et « qui réussit, grâce à ses charmes et ses qualités d'intrigante, à régner successivement sur les royaumes ennemis de France puis d'Angleterre, gouvernant l'Europe entière de son alcôve ». Le titre annonçait donc un thriller historique, puisant ses sources au XIIème siècle.

Dans ce roman, des fillettes sont sélectionnées génétiquement et formées depuis l'enfance en vue de devenir des agents opérationnels très spéciaux, chargées de contrôler les élites politiques et intellectuelles du monde entier.
L'A.A.A., Académie Aliénor d'Aquitaine, est un établissement luxueux ; la discipline y est terrible, sous l'autorité d'une gouvernante particulièrement sadique. L'enseignement dispensé va du parcours du combattant au maniement des armes et aux techniques de combat rapproché jusqu'à l'art de la guerre et les capacités artistiques et l'endoctrinement pur et simple ; tout se fait dans la discipline, les punitions corporelles, les humiliations et tortures de toutes sortes. On oublie vite que les fillettes ont entre sept et neuf ans à leur arrivée…
Le devise de l'Académie est tout un programme : « nous sommes les maîtresses des maîtres, nous serons les maîtresses du monde ». L'accent est mis sur les faiblesses et les manquements des hommes, sur leur comportement basique et primaire. Les recrues vont perdre toutes les notions d'interdit moral, devenir de véritables machines à tuer.
L'ennemi est représenté par une autre organisation occulte, celle des Xénos, présente dans tous les pays du monde. Ce roman fait voyager ses lecteurs, de la France aux Etats-Unis, en passant par le Japon et tous les endroits où fleurissent des conflits : Sibérie, Ukraine, Russie, Albanie, Kosovo, Ethiopie, Arabie Saoudite…

Le personnage de Katerina Haendel, la directrice de l'Académie Aliénor d'Aquitaine, est à la fois stéréotypée et énigmatique. Un fond d'humanité est même envisageable sous ses aspects autoritaires et froids.
Les trois fillettes qui sortent du lot et dont nous suivons pendant plusieurs années la progression et les états d'âme, sont attachantes par leurs caractères, leurs différences, leur complicité. Nous mesurons l'évolution d'Alexia, de Jade et de Clarisse avec admiration dans leurs exploits sportifs, appréhension dans leurs recherches et tendresse devant leurs difficultés. Malgré tout, le besoin de domination qui les anime devient bientôt plus qu'un sentiment d'émulation : « les meilleures amies devenaient pires ennemies et tous les coups étaient bons pour enfin goûter cet exquis trophée qu'était la gloire du vainqueur assortie de l'asservissement du vaincu. Maîtresses un jour, elles étaient esclaves l'autre jour, pouvant ainsi prendre conscience de l'humiliant sort attendant les perdantes, une fois la compétition achevée »…
La seconde partie du roman les montrent dans le feu de l'action, le roman n'ayant alors rien à envier à un bon film d'action.

Ce roman développe la vision violente et pessimiste d'un monde qui ressemble au notre.
Son écriture a vraisemblablement nécessité un travail de recherche qui mérite d'être salué. L'auteur semble s'être documenté sur les armes et les différentes techniques d'entrainement qu'il développe, sur les techniques militaires, sur l'histoire d'Aliénor, sur celle des Samouraïs, sur les conflits et dérives qui endeuillent notre planète (traites des femmes, enfants-soldats par exemple) ...
Le récit est émaillé de références mythologiques que chacun appréciera ou pas selon ses propres connaissances. L'intrigue est bien menée dans une trame construite avec un bon suspense tenant le lecteur en haleine. La fin est imprévisible, bien que s'inscrivant dans une trame superbement échafaudée…

Mon seul bémol sera pour l'écriture, trop déconcertante : le style soutenu et souvent poétique détonne dans un thriller. Ce décalage, s'il était volontaire, pourrait s'avérer intéressant, mais globalement, cela sonne faux.
De plus, j'ai relevé des maladresses et des incorrections ainsi que des incohérences dans les temps : un présent de narration changé en passé simple ou passé composé par exemple et, apparemment dans une méconnaissance des règles des valeurs de présent accompli ou d'antériorité. Cette alternance non maîtrisée des temps conjugués nuit à la fluidité de l'écriture et c'est dommage ; cela aurait pu être évité en consultant n'importe quelle grammaire méthodique de français…
Je suis assez sensible à la question du « comment c'est écrit ? » et, là, je me suis sentie mal à l'aise, ce qui a gâché ma lecture du début à la fin.

Ainsi que me l'écrivait Aurélien Grall en me proposant son livre, ce roman est bien un thriller mêlant action, espionnage et politique ; le sujet m'a plu, l'intrigue m'a piégée et -malgré mes réserves stylistiques- a su me tenir en haleine au point d'avoir du mal à lâcher ma lecture.
C'est très prometteur et personnellement, j'aimerais lire d'autres avis sur Aliénor, Les Origines de la haine, présenté comme le Tome 1 d'une suite. En effet, si le style soutenu et le vocabulaire recherché d'Aurélien Grall doivent rester sa marque de fabrique, il suffit juste, à mon humble avis, d'une bonne relecture et de quelques remaniements pour que ce roman aie le succès qu'il mérite.


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