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Critique de Moosbrugger


Un roman peu connu, bizarre et complexe, alternant les aventures de littérature post-moderne qui ont une certaine proximité avec matrix (pour ne rien dévoiler de plus), la fantaisie et la science-fiction des plus perturbantes, mais avec également le pamphlet hippies très inspiré 70's, puis enfin le roman réaliste avec un récit de jeunesse passionnant qui décroche un prix d'authenticité. Il faut dire que le personnage du jeune Thaw n'est pas du genre facile.

"Il inventa un asticot appelé le Pucepou [...] finalement il n'en restait plus qu'un, un géant enroulé autour de l'équateur comme un vers autour d'un galet. le corps du dernier Pucepou contenait la chair de tout ce qui avait vécu un jour. Il était satisfait"

Plutôt qu'une romance ont aura plutôt la camaraderie amoureuse dans la quête d'une altérité. Plutôt que le misérabilisme du mal-être de l'artiste, une dérision pleine de fraîcheur et des mondes parallèles. Et en contrepoint d'un soleil vert lointain, le monde actuel à peine exagéré. le vrai sujet du roman est en lui même une énigme, même si nombre de fantaisies temporelles laisse augurer que le délitement du temps est une préoccupation.

"Elle ne semblait pas courir, mais ses enjambées couvraient de longues distances. Il la prit par le coude et hoqueta : Comment tu fais pour aller si vite ?
Elle s'arrêta et le dévisagea.
"C'est facile, en descente.
-On monte
-Tu es fou."
"Et si on marchait chacun d'un côté de la ligne mais en se tenant la main ? Comme ça, quand l'un de nous descendra, il sera stabilisé par celui qui monte"

Le volet "social" en situation de Tatcherisme dispose de son propre chapitre. Il est sans complaisance envers l'invasion du marché et la surindustrialisation.

"Les fabricants produisaient, de façon inattendue, en quantité suffisante pour tout le monde. Aucune récolte n'était perdue, aucune mine épuisée, aucune machine cassée, mais la créature a déversé des montagnes de nourritures dans l'océan parce que les affamés ne pouvaient pas payer un prix rentable pour cette nourriture, et les enfants du cordonnier allaient pieds nus parce que leur père avait fabriqué trop de chaussures. Et les fabricants ont accepté ceci comme s'il s'était agi d'un tremblement de terre"

Par bien des aspects tout ceci se rapproche de beaucoup de expérience du quotidien, les changements de ton successifs ne se font pas toujours au détriment du réalisme.


Les auteurs de science-fiction ont en propre de pouvoir librement interroger les conditions d'existence et cela ne fait pas honneur aux littérateurs de la mettre au rang des seconds couteaux. Lorsque un tel chef-d'oeuvre parle autant au contemporain on lui pardonne aisément toutes ses longueurs et maladresses.
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