Mark Greene nous revient avec cette merveilleuse suite de souvenirs intitulée
Réel Madrid. Fils d'un « Juif new‐yorkais distrait » devenu journaliste dans l'Espagne franquiste, et d'une mère « petite Française de la campagne » qui avait rompu les amarres avec sa famille et était partie à l'aventure pour se retrouver à enseigner l'anglais dans un institut de langues madrilène,
Mark Greene est le fruit du cosmopolitisme d'après‐guerre. La corrida, la littérature (notamment par la figure de l'écrivain
Francisco Umbral, « dandy moderne et intemporel » qui fascinera
Mark Greene enfant), le fascisme, le foot, Gibraltar (ses parents s'y marient en 1958 car « il était impossible de célébrer, dans l'Espagne franquiste, un mariage exclusivement civil »), le coup d'État de 1981, etc., c'est toute sa jeunesse madrilène que nous raconte l'auteur dont les souvenirs semblent émerger de la nuit tels des feux follets : « La nuit était davantage nuit. L'obscurité plus profonde. Les rues à la fois plus inquiétantes et plus sûres et, dans certains établissements dévolus à l'ivresse et au plaisir, la folie et la liberté plus tranchantes, les rencontres plus invraisemblables. » Au début des années 1980, avant de partir étudier à Paris (et d'y rester),
Mark Greene va vivre la Movida. le
mouvement embrase la jeunesse madrilène qui se tourne vers un hédonisme et un individualisme débridés. Les nuits se parent alors des couleurs de la liberté – le temps d'« une parenthèse enchantée ».
Un livre splendide.
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