AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pitchval


C'est la curiosité qui m'a fait acheter ce premier roman Pascal Grégoire, moi qui lis pourtant peu de littérature contemporaine et qui m'en défie même.

Corentin Pontchardin, père de famille de quarante ans, au summum de sa réussite professionnelle à Bercy, pourtant heureux en couple et père d'une petite fille, plaque tout soudainement en plein crise des subprimes. Il quitte femme et enfant pour une gamine journaliste non seulement, mais envoie aussi balader son poste confortable au ministère des finances.

Parallèlement, sa belle-mère est foutue à la porte de sa maison de retraite, faute d'argent. Et sa fille de dix ans est sortie de la cantine par la police municipale pour défaut de paiement.

Simultanément, son beau-père fait un hold-up au casino pour payer la maison de retraite de sa femme.

Corentin, enfin, réalise que sa jeune maîtresse, journaliste au Figaro, l'a trahi à dessein.

N'importe, avec le magot volé du beau-père, Corentin part à l'assaut des Etats-Unis, avec femme, fille et beaux-parents. Ils s'envolent tous avec pour intention de déclarer la guerre à la puissante Goldman Sachs, symbole suprême du capitalisme.

C'est alors l'Amérique, les burgers, la tombe des Kennedy, wall street.

Et puis la lutte, les mea-culpa de toutes parts, la belle et saine solidarité qui fédère, et finalement la victoire.

Ce livre est plus un conte qu'un roman. le rythme est presque frénétique, tout est raconté à une allure très vive, sans transition ni descriptions longues. Les événements s'enchaînent. Cela empêche toute profondeur psychologique évidemment. Au profit d'une dénonciation de la domination de l'argent, certes. Mais tout va trop vite. Tout semble survolté, comme négligé.

C'est donc une sorte de chronique rapide dénonçant notre société ultra capitaliste. C'est très caricatural évidemment, empli de clichés, et les concours de circonstances sont assez peu plausibles. On est bien dans le registre du conte.

L'idée n'est pas mauvaise. le capitalisme, l'argent, les crises financières, les réseaux sociaux, tout cela me parait une bonne matière première, philosophiquement parlant. Seulement, ici, l'intrigue, et tous ces événements qui s'enchaînent, auraient mérité un beau développement, ainsi que des personnages plus profonds.

Néanmoins, j'entends comme ce roman a pu avoir du succès, comme les lecteurs d'aujourd'hui veulent du court, du rebondissement rapide, afin de ne pas « s'ennuyer », et comme c'est un sujet très consensuel, cette guerre contre la finance.

Ce roman a toutes les caractéristiques de la littérature contemporaine.

Il est court, facile d'accès, avec beaucoup d'action, une happy-end, et il dénonce une cause assez universelle.

Et je me souviens pourquoi je lis peu de romans contemporains. Ils me déçoivent généralement, à quelques exceptions près.

Je peux entendre, cependant, le choix de Pascal Grégoire de privilégier la dénonciation, sans retenue et à un rythme exagéré, des absurdités économiques et médiatiques de nos temps modernes, du pouvoir extrême de l'argent. Mais le thème, assez sérieux et intéressant d'un point de vue philosophique, aurait mérité, je n'en démords pas, un grand et beau développement.

Cependant, j'ai aimé quelques tournures adroites, surtout humoristiques, et un peu acides.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}