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Critique de Missmarguerite


Second roman d'Hélène Grémillon, après le confident. A l'époque, j'avais été séduite par son écriture et par son récit, mais mon plaisir avait été gâché par la fin, que j'avais trouvée trop facile. Qu'en serait-il cette fois?

J'ai eu énormément de mal à entrer dans ce roman. J'ai été désarçonnée par les longs paragraphes, dépourvus de points, enchaînant les idées des personnages, leurs pensées, nous entraînant dans leurs méandres, mêlant parfois le présent et le passé, les faits et le ressenti, comme pour mieux nous faire entrer dans la tête de ce psychanalyste et de ses patients, à leurs côtés, écoutant leurs conversations en même temps qu'Eva Maria écoute les cassettes sur lesquelles elles sont enregistrées, espérant y découvrir une phrase par laquelle un patient se trahirait et annoncerait son crime. Bref, j'arrête là, vous avez compris le principe, parfaitement cohérent d'ailleurs avec le sujet abordé. J'ai eu, au début, le sentiment que jamais cela ne s'arrêterait, que jamais je ne pourrais reprendre ma respiration. J'ai heureusement pu dépasser cette première impression pour me plonger réellement dans le récit, qui m'a finalement ferrée par sa construction.

Quelque part entre le polar, le roman social et psychologique, Hélène Grémillon mêle habillement les époques, les personnages, L Histoire, nous emmenant toujours plus loin dans l'intimité de ce couple qui apparaît rapidement bien moins amoureux qu'on pourrait le croire. Mais les difficultés conjugales suffisent-elles à mener au meurtre? Et qui sait si l'un des patients du mari, qui les recevait à son domicile, ne s'avérerait pas plus torturé que les autres? Au point de s'en prendre à l'épouse? Eva Maria, persuadée de l'innocence de son psychanalyste, décidée à révéler l'identité du coupable, se confronte à leurs névroses, à leur passé, elle qui peine tellement à affronter sa propre vie. Nous sommes dans l'Argentine post-dictature, marquée par les tortures et les disparitions, hantée par les mères de la place de mai, et tout le récit en est imprégné, ce qui lui donne une atmosphère sombre voire pesante, plus que véritablement émouvante, en ce qui me concerne. Une ambiance pesante renforcée par les vérités concernant le couple Puig. Mon intérêt s'est pourtant maintenu jusqu'à la fin, sous l'effet de cette construction en spirale, qui apporte ses révélations par touches successives. Je me suis interrogée sur les motivations d'Eva Maria, je me suis demandé si je devais plaindre Lisandra et Vittorio, et ce faisant, j'ai continué à tourner les pages, jusqu'à la fin qui s'est avérée être une surprise totale -bien qu'un peu rapide- et qui explique, enfin, le titre de ce roman.

Le point fort de ce roman, ce n'est donc pas forcément son écriture (plutôt sensible et agréable, une fois habituée à cette façon d'écrire comme on parle, comme on se confie), ni ses personnages (qui m'ont, dans l'ensemble, déplu) ou son histoire (que j'ai trouvée vraiment pesante - et qui repose sur un élément qui me chiffonne : quid du secret professionnel?), mais sa construction vraiment efficace et son côté un peu "coup de poing", la tension allant crescendo jusqu'au surprenant final. Il a en outre le mérite d'aborder et donc d'intéresser le lecteur à un pan de l'histoire argentine qui, aujourd'hui encore, continue à faire mal.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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