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Critique de cecilestmartin


Des mois que je courais après ce roman à la bibliothèque du quartier. Conquise par le confident, n'ayant lu que de bonnes critiques, j'avais hâte de me plonger dans un autre des bouquins d'Hélène Grémillon. Je n'ai pas été déçue, peut-être un peu désemparée dans les premières pages, avant que l'intrigue et les personnages se mettent en place. Puis, après, je n'ai plus lâché La garçonnière… L'histoire se déroule à la fin des années 80, en Argentine. le lieu et l'époque jouent un rôle important dans l'histoire. Eva Maria va mal, sa fille Stella a disparu depuis 5 ans, comme tant d'autres lorsque la junte était au pouvoir. Elle ne se remet pas de cette perte, sombre dans l'alcool et malgré la présence aimante, bienveillante de son fils Estéban, ne retrouve pas le goût de vivre. Les entretiens avec son psychanalyste Vittorio ne lui permettent pas vraiment de surmonter son chagrin mais occupent une place centrale dans son quotidien.
Tous ces éléments, nous les apprenons au fil des pages car le roman débute réellement avec la mort de Lisandra, l'épouse de Vittorio qui est aussitôt accusé de son meurtre. Eva Maria ne croit pas en sa culpabilité, c'est la seule personne qu'elle a un peu investie ces dernières années, celle à qui elle peut parler de sa fille absente. Elle lui rend visite en prison et débute une enquête qui va l'amener à découvrir une Lisandra bien différente de celle que croyait connaître Vittorio. Elle va croiser des gens qui la connaissaient mais aussi s'apercevoir que les autres patients du psychanalyste ont des choses à cacher.
De rebondissements en rebondissements, l'auteur nous tient en haleine comme dans un bon polar. Mais La garçonnière est aussi un roman sur la terreur, le violence instituée, sur une période de l'histoire argentine que je ne connaissais qu'à travers les Mères de le Place-de-Mai, manifestant inlassablement leur colère et douleur, sur le deuil impossible à faire lorsqu'on ne sait pas ce que sont devenus les personnes aimées, lorsqu'on ne peut enterrer les êtres chers. Eva Maria est un personnage plus que touchant, agaçant parfois tant sa souffrance l'empêche d'aimer son fils qui, jour après jour, veille sur elle, guette le moindre signe de mieux, espère de sa part un geste, une marque d'attention – si ce n'est d'affection – et, ce, en vain.
La construction du roman participe beaucoup de son intérêt également. Les retranscriptions des entretiens thérapeutiques de Vittorio alternent avec les rencontres qu'Eva Maria fait à l'occasion de son enquête ; les illustrations – une partition de tango, l'enseigne d'un magasin – amènent une respiration dans l'intrigue et donnent une véritable originalité à l'ensemble.
La fin, très inattendue, nous laisse pantois. le livre refermé, on ne peut que reconnaitre le talent d'Hélène Grémillon : une histoire incroyable (pourtant inspirée de faits réels) où passion, violence et souffrance se conjuguent, dans laquelle les personnages sont complexes, plein d'une humanité douloureuse.
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