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Critique de Levant


Il est un signe qui ne trompe pas quant à l'intérêt que suscite en soi la lecture d'un livre, c'est la tentation de voler le moindre moment de répit de son quotidien pour se replonger dedans. Au point d'en irriter son entourage.
J'avoue que cela a été le cas pour moi avec cet ouvrage d'Hélène Gremillon. Sans toutefois le classer dans la littérature de haute volée, je l'ai trouvé passionnant. de par sa construction, ses alternances de rythme et de qualité de langage, et puis bien sûr aussi, s'agissant d'une intrigue policière, sa capacité à tenir en haleine jusqu'aux derniers paragraphes. Il comporte aussi une très bonne analyse de la jalousie, en forme d'introspection consciente de la part de la personne qui souffre de ce défaut dévastateur.
A chaque livre son ambiance, son immersion dans un contexte. Celui-ci nous emmène en Argentine à une époque pas si lointaine mais déjà occultée par nous autres Européens. Il faut dire que nous avons la fâcheuse tendance à nous prendre pour le nombril du monde. Elle a toutefois, à n'en pas douter, beaucoup marqué les Argentins. L'intrigue se situe au lendemain de la dictature de Vileda, avec le lot d'horreurs que peuvent connaître ces périodes sombres. Et plus encore. L'imagination des hommes est sans limite dans ce domaine. Hélène Gremillon nous le remet en mémoire au fil des pages dans l'ancrage historique de son récit.
Mais le plus étonnant s'agissant de l'histoire de ce pays reste ces lendemains d'impunité consentis aux tortionnaires du régime déchu. Ils doivent leur salut à une loi d'amnistie, la loi du Punto Final (Point Final) et la loi de Obediencia Debida (Devoir d'obéissance), votées en catimini un soir de noël à l'initiative Raoul Alfonsin, le nouveau président démocratiquement élu. D'aucuns peuvent donc alors à tout moment côtoyer dans la rue un de ces criminels désormais blanchi de toutes ses exactions, même les plus barbares. Curieuse façon qu'a eue le régime démocratique revenu aux affaires de passer l'éponge. Y compris au mépris de la détresse de ces mères d'enfants disparus. Elles manifestaient leur désarroi en occupant au quotidien la Place-de-Mai avec la l'obstination du désespoir.
Le contexte est certes délétère, mais le fil conducteur de ce roman basé sur des faits réels reste une intrigue policière fort bien menée. Qui a tué Lisandra, une jeune femme retrouvée morte par son mari, qui fut aussi son psychiatre, au pied de son immeuble, défenestrée ? Les hypothèses de culpabilité inventoriées tout au long de l'ouvrage avec la plus grande crédibilité laissent la porte ouverte à tous les épilogues. C'est un roman psychologique autant qu'un polar. La justice n'y trouve cependant pas toujours son compte. Mais fait-elle partie de ce bas monde ?
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