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Critique de fanfanouche24


« Mais la photo ne date-t-elle pas du premier enfant qui a vu se refléter le ciel, les arbres, les prairies dans une goutte d'eau ? Ou d'Aristote qui perce un petit trou afin de pouvoir observer, sur le mur du fond d'une pièce obscure, le soleil écorné par la lune, au cours d'une éclipse ? Fixer l'image, ensuite, ce ne fut qu'affaire de chimie. » (p. 10)

Un grand plaisir de lecture avec cet ouvrage où l'ami d'Albert Camus parle avec sérieux , fantaisie, facétie, nostalgie…tour à tour, mais avant tout Roger Grenier parle avec fougue de sa fréquentation de la photographie, au fil de toute sa vie…Son travail de journaliste à « Combat », sa proximité avec les photographes professionnels, ses propres photographies, celles qu'on a prises de lui, sa fréquentation des photographes dont son intérêt constant pour le travail artistique de Brassaï , et pour l'homme…(sur lequel il a beaucoup écrit)

J'ai commandé en ce début juin 2020...cet ouvrage dans une collection unique, que j'affectionne au plus haut point, créé par J.B. Pontalis, « L'Un et l'Autre » [Gallimard ]… En sus de mon intérêt de longue date pour cet écrivain ( qui nous quittés en 2017) dont mes derniers coups de coeur étaient les « Instantanés » : un amour inconsidéré de la littérature, des écrivains et de l'Amitié…ce livre est des plus touchants car il mélange avec bonheur les souvenirs personnels, intimes, les rencontres de l'écrivain tout en réfléchissant sérieusement à la photographie, à l'art du portrait, à cet art, ayant souvent été un support, une aide et une passion pour les peintres, les écrivains… dont Zola, parmi tant d'autres, qui en fut le « champion » :
« il a possédé dix appareils photo, s'est installé trois laboratoires de développement. Il s'enfermait dans ses labos au point que sa femme avait peur qu'il tombât malade. Il était à l'affût de tout accessoire nouveau, et de toutes les variétés de papier. Il disait que la photo était son violon d'Ingres. Et aussi qu'il était « un martyr de la photographie ». Est-ce qu'elle servait son inspiration, ou tout au moins sa documentation ? « (p. 117)

Roger Grenier parle avec talent et modestie de ce même « violon d'Ingres »… « Je ne suis pourtant pas devenu photographe et mon instrument professionnel a été une machine à écrire. Mais la photo n'a cessé d'influer sur ma vie » (p. 40)


« Une photo permet de rêver sans fin. « (p. 18)…et…. « Il ne servirait à rien aux reporters-photographes de courir le monde, et parfois de risquer leur vie, s'ils ne cherchaient partout un seul sujet, l'homme. Parmi tous les miroirs de l'homme, la photo est celui qui ment le moins. » (p. 74)

Un très attachant moment de lecture, avec en plus , le grand plaisir de « cotoyer « des grands de la photographie : Izis, Boubat, Brassaï, Kitrosser, Diane Arbus, Gisèle Freund,…. Panaït Istrati, futur écrivain, photographe ambulant dans les rues de Nice, pour gagner sa vie…

*** Commande à La librairie Caractères / Issy- juin 2020
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